jeudi 31 janvier 2019

DIX MOI - 10. LE RIBAUD & LA DISPARITION.



- Souffleur de mots... Crieur... Bourreau de Béthune de la poésie... Conteur... Passeur de mots... Animateur de "pauvres" revue... Chanteur... Tueur de misère... Collectionneur multi-blogiste... Sbire de la dé-pensée... Libertin de Ribaud RAAAdaRRR... Surromantique BleuNUIT... Qu'allez-vous faire de et avec tout cela, dans un avenir plus ou moins proche ?

- Souffleur de mots et passeurs de m'o(r)ts, je vais poursuivre à transmettre, souffler, de diverses manières les mots de Celles et Ceux qui "Travaillent" sous Les Robes de Rimbaud qui sont des vivants, comme parfois des morts que j'aime ; très prochainement, je vais dans cette dynamique rééditer, avec un prochain supplément d'un numéro du "pauvre" périodique Ffwl Lleuw/Aux Robes de Rimbaud que j'anime, 'PAGES CHOISIES' de Konrad Schmitt car il y a de la demande, une réelle attente, comme il y a eu pour 'La vallée de la passion' du Gallois Hedd Wyn et de l'Irlandais Francis Adwidge. Je vais aussi créer, dés février, avec une Camarade, Jocelyne Di Guiseppe, une émission sur les ondes de Radio-Scarpes-Sensée* pour souffler CELA en corps plus ! Puis disparaître. Crieur, j'envisage d'acheter un mégaphone que je vais amplifier et dont je vais trafiquer le son avec des pédales d'effets, notemment Diddley afin de faire une troisième version de mon 'Toussint-ducasse por Francis Bacon' pour achever ce tryptique. Puis une émission de radio qui se nommerait Aux Robes de Rimbaud peut devenir symboliquement ce mégaphone, cet amplificateur avant l'ultime disparition.


Comme Conon le trouvère , bourreau de Béthune de la poésie, ce titre qui fait référence à un grand catcheur, CELA me touche beaucoup ! Quel honneur ! Il m'a été remis par le chroniqueur et critique littéraire Jean-Paul Gavart-Perret, une espéce de "Pape" dans son genre proclamé par les "Poètes" et les autres qui s'écrivent les uns contres les autres et non dans les autres, parce qu'il utilise des mots et des tournures de styles compliqués ; tout CELA est tout de même une vaste blague si on y pense vraiment, c'est grotesque comme un catcheur populaire qui s'avance avec beaucoup de techniques dans son art pour amuser la galerie avec un sport de combat qui est de la clownerie totale ; alors je vais m'atteler à tout faire désormais pour devenir Le Boucher de Dwai des Arts, des Lettres, de la dé-pensée et contre la disparition de l'Enfance.


Conteur CELA me sied ! car j'adore raconter des Histoires mais des vraies ! De la mythologique empirique en somme, à partir du réel de mon vécu où de celui de Celles, Ceux qui ont été où qui sont ; les autres ceux qui pensent à trop haute voix et ne font rien, ne vivent rien en rapport à ce qu'ils disent, ne m'intéressent pas, plus, et je les renvoie à Lourdes ! Moi, je disparaît car je ne suis pas une apparition ! 


Passeur de mots, oui ! car les mots ne m'appartiennent pas ! Les mots ne NOUS appartiennent pas ! Ils NOUS viennent d'ailleurs et moi, je ne fais que les transmettre, je suis un transmetteur de mots mais c'est une chance qui m'a fait prendre l'engagement d'être un 'mots-langeur' depuis 1981 ! et tel Le moulangeur** qui est à Le moulin des Loups*** de par des 'pauvres périodiquezine', je traficote tout CELA ! Puis il NOUS faut inventer, réinventer des nouveaux mots ! pour (re)transmettre le sens véritable du mot puisque désormais tous les mots ont été édulcorés, détournés, imbécilisés afin de mieux vendre tout et n'importe quoi puis notamment par les héritiers du surréalisme et des arts 'modernes' conceptuels. Donc j'anime en réaction, en résistance pacifique des périodiques à variations variables mais hors de toutes chapelles, ghettos et contre la dé-pensée et ce que je nomme d'A.A.A's, l'Amplification des Ampleurs des Aggravations ! et pour CELA j'adore collectionner sur les sujets de ce qui me passionne afin de pouvoir partager avec autrui les nuances de la multitude des possibles qui NOUS animent, qui font que NOUS sommes de l'Humanité qui est tout et non une ou rien... Qui font trois petits et puis s'en vont ! DISPARITION !


Sbire de la dé-pensée, oui ! en effet car cette dernières à ses scribes, des écrivaillons bien souvent laborieux, bien souvent des universitaires qui NOUS font croire à de la littérature, de la poésie qui est de la poudre de perlimpimpin ; alors moi je la sbire la dé-pensée ! je l'a dénonce et sans au passage me faire payer car je ne désire pas faire dépenser autrui pour RIEN ! Je préfère disparaître !

Libertin du ribaud RAAAdaRRR surromantique, en effet RAAAdaRRR, mon chat picard est une espèce de réincarnation d'Arthur Rimbaud, le ribaud de la poésie mais qui se souvient du sens du mot ribaud**** ? même pire qui se souvient du vrai Rimbaud !? Et de l'importance de passage à Douai !? Quelques intellectuels, spécialistes alors de par mon innocent libertinage avec mon chat, j'essaye de rendre à Rimbaud ce qui est au ribaud et vice versa. J'ai donc un chat picard avec une robe de vache normande qui écrit des chroniques de rocks dans lesquelles je me disparaît à NOUS-même.


DANS UN AVENIR PROCHE CONTINUER DE TOUT FAIRE AFIN D'APPRONFONDIR..., c'est la seule possibilité pour s'élever, ...ma poursuite du surromantisme dont je ne désespère pas voir paraître un jour L'Evangile BleuNUIT que j'ai commencé à écrire il y a presque 10 ans maintenant afin de raconter qu'il faut abolir le JE au profit du NOUS au profit de toutes Celles et Ceux qui sont différents ! Aussi "mes" Nouveaux chants du Mabinogi qui traine maintenant depuis plus de vingt ans. Enfin si je (re)trouve des musiciens qui acceptent de se perdre, reformer un groupe afin de reprendre des chansons perdues et notamment celles de Konrad Schmitt, afin de suspendre quelques courts instants le temps dans la Miséricorde et de NOUS sauver de l'apocalypse des âmes en écoutant Le Blues du Temps du Fil à retordre / The Hard Time Killin' Floor Blues dans de l'ultime disparition.



Je tiens à remercier Mesdames Edith Lecat & Caroline Jourdain qui ont posé cette série de dix questions. 



Notes :

*Radio associative et locale qui peut-être écouter internationalement en broadcast.

**moulangeur, vieux mot oublié qui servait pour désigner celui qui faisait tourner le moulin à eaux qui servait à moudre le blé qui servait à faire le pain.

***Le moulin des Loups est un quartier populaire de Saint Amand-les-Eaux, avec en son sein un lieu dit qui se nomme Le Limon et où se trouve un cimetière. 

**** Ribaud, Ribaude, adjectif et nom (ancien français riber, se livrer à la débauche, du haut allemand riban, être en chaleur.
Littéraire. Débauché(e). Se disait, au Moyen Âge, de personnes qui suivaient une armée.

*********

ECLICHURE DECH'L EVIDINCHE

À Jean-Luc Casamian de Toulouse.

À Dwai, in séquant d'écales bleuses din ch'fond d'més chavates, ej vaù dévalant l'long d'cheule reue ed l'Abie-dés-Prés. Ed 1870, ej sin in vint d'aptèzeut qu'i souf:èle. In séquant d'pleunmes trainsluchides, inpèrlées d'pleuve fènne, is leu-z ahoq't' à chés roiles ed solèl. Invoyapes, is trépèrch't' el platitude ed chés sintimints azéptizés. Ed'z écales - ou-bin dés pleunmes ? bleuses - ou-bin trainslichides ? - acq leus thiotes pèrles d'io su èles... din ch'fond d'sés poches, el long del Scarpe, àrjognant ch'29 ed cheule reue-laù d-ou qu'chés manmozèles Gindre is ll'ont ahui, el vlaù d-alant, ch'garchon Arthur Rimbaud. Chl'anée passaint a n'ét p'us laù, li i s'rinvaù d'Dwai. Achteure, i invoi l'lète dech Voéyaint à Paul Demeny.

Traduction française du picard.

ECLABOUSSURE DE L'EVIDENCE

À Douai, quelques écailles bleues dans le fond de mes savates, je descends la rue de l'Abbaye des Prés. De 1870, je sens souffler un vent d'automne. Quelques plumes translucides, perlées de pluie fine, s'accrochent aux rayons de soleil. Invisibles, elles transpercent la platitudes des sentiments aseptisés. Des écailles - ou alors des plumes ? bleues - ou bien translucides - avec sur elles leurs petites perles... au fond de ses poches, le long de la Scarpe, rejoingnant le 29 de cette rue où les demoiselles Gindre l'ont accueilli, le voilà qui va, le gars Arthur Rimbaud. L'année passant, elle n'est plus là, lui se r'en va de Douai. Maintenant, il adresse la lettre du Voyant à Paul Demeny.

Extrait de TOUSSINT DUCASSES,
paru en 1999.

Pour écouter Eclichure dech'l évidiche lu par Ch-Edziré Déquesnes
et mis en musique par Chés Déssaquaches,
cliquez sur le lien ci dessous
https://christian-edzire-dequesnes.bandcamp.com/track/eclichure-dechl-vidinche

samedi 26 janvier 2019

DIX MOI - 9. ...DE PAR FRANCIS BACON, LE JAILLISSEMENT D'EDZYHR'




- Question 9 : Vous êtes aussi chanteur, conteur, crieur... Dans "Toussaint Ducasse por Francis Bacon", vous lui rendez hommage en musique avec votre groupe "Chés Dessaquaches. Quelle place tient Francis Bacon dans votre coeur et dans votre travail ?


- Le peintre Francis Bacon a été un détonateur pour moi, un bouleversement et basculement quand j'ai été confronté à son œuvre en 1995 lors d'une visite d'une exposition rétrospective à La Fondation Maeght de Saint Paul de Vence. En fait, j'avais déjà été saisie par ce que je connaissais de lui de par des reproductions de certaines de ses toiles dans des livres d'arts contemporains car déjà, là, il me semblait se détacher de tous les courants de peintures "modernes". J'étais en vacances dans le sud de la France avec des "amis" que je ne vois plus depuis, pas très loin de Saint Paul de Vence où justement il y avait une énorme rétrospective Francis Bacon et Lucien Freud, ce dernier aussi sa peinture est impressionnante mais elle me parle moins que celle de Bacon donc nous programmons une visite et nous arrivons tôt le matin, dés l'ouverture. À midi mes "amis" sont déjà repartis pour apéro et barbecue mais moi j'y suis resté toute la journée jusqu'à la fermeture parce que Les punks n'ont pas besoin de barbecue* puis j'ai été subjugué, happé par les tableaux, les immenses triptyques de Francis Bacon mais aussi tous les documents vidéos qui étaient projetés et notamment des entretiens avec Michel Leiris et Gilles Deleuze que j'ai visionné plusieurs fois car les propos de Francis Bacon y sont d'une profondeur et vérité immense, voir complexe mais exprimé avec une simplicité hallucinante. 


Dans ma vie, à cette époque là, je viens de reprendre des études pour me spécialiser dans mon métier d'éducateur pour pouvoir devenir éducateur de rue ; j'aisvraiment repris goût à écrire et pas seulement pour mes travaux dans le cadre de ma formation en cours d'emploi, pour commencer aussi  à bricoler des petits textes "poétiques" en picard car  l'hiver précédent cet été, là, où je  basculais vraiment dans l'œuvre de Francis Bacon, j'avais découvert dans une réderie, braderie en picard, une partie de l'œuvre d'Ivar Ch'Vavar et Konrad Schmitt de par des vieux numéros de l'Invention de la Picardie puis surtout la toute première édition de CADAVRE GRAND ma raconté : la poésie des fous et des crétins du Nord de La France, avec dans ces revues souterraines (je n'utilise pas l'adjectif anglo-américain underground volontairemen) plein de choses contemporaines et non patoisantes en picard ; j'attendais et je cherchais CELA depuis 5 ans ! Depuis le temps où j'avais découvert par le biais des disques du Massilia Sound System de Marseille et des Fabulous Trobadors de Toulouse que des artistes occitans avec les patois ('si c'est patois c'est donc ton frère !') faisaient de la création musicale et poétique tout à fait contemporaine, non passéiste et aussi surtout pas ancrée dans des formes négatives de repli identitaire régionaliste, je me demandais si l'équivalent existait dans le Nord de La France mais je ne trouvais RIEN ! 

Mais Claude Sicre du duo des Fabulous Trobadors avec qui j'avais fini par établir une riche correspondance m'a dit 'cherche, cherche encore, il doit bien exister des choses...' alors je fouillais dans les bouquineries, les disqueries, les marchés aux puces et les réderies du Nord/Pas-de-Calais, enfin durant l'hiver 1995, je découvre presque par hasard L'Invencion de la Picardie, alors j'ai écris au contact de ces revues qui avaient été éditées plus de 10 ans auparavant ! à Amiens et l'adresse était celle d'Ivar Ch'Vavar qui m'a aussitôt répondu très chaleureusement, assez vite nous sommes devenus proches et Caùmarates puis une forte amitié et complicité est venue, il m'encourageait fort à continuer à écrire en picard... Dans le cadre de ma formation cette année là, je rencontre encore David Willoqueux alias Thiote Pouche, un fabuleux guitariste de blues,  et l'on se dit si on essayait de bricoler un duo blues-rock en picard expérimental... Claude Sicre et Ivar Ch'Vavar nous poussent à leur manière derrière mais on faisait CELA juste pour s'amuser à bricoler dans une cave sans ambition le samedi-dimanche.

Mais durant l'été quand j'ai eu quitté l'exposition sur Francis Bacon, je me suis dit il faut que j'écrive quelque chose pour témoigner de ce que j'ai vu et ressenti mais en français je pense 'Tu ne vas pas réussir à restituer ton émotion alors tu vas le faire avec cette vieille langue de plus loin, cette langue de tes racines d'homme du Nord...'  et j'ai "déssaqué" (extrait) de mes tripes le texte TOUSSINT-DUCASSE POR FRANCIS BACON (DEDICACE DE TOUSSAINT POUR FRANCIS BACON), Ch'Vavar a été emballé par le texte, il m'a transmis alors les textes des chansons "oubliées" de Konrad Schmitt et les bandes magnétiques de Musiques électro-acoustiques que ce dernier avait enregistré au début des années 70's... Sébastien Lecabon, Flup Cola, guitariste débutant qu'initiait Thiote Pouche a rejoint assez vite le duo alors on est devenu un groupe Chés Déssaquaches (Les Extractions). C'est les premiers enregistrements, à Douai & Valenciennes, bricolés avec des moyens de fortune, des premiers concerts. Un quatrième larron Arnaud Mirland, Tilmond Mazurel, bientôt nous rejoint et j'ai fini alors avec eux, avec Chés Déssaquaches,  par enregistrer ma vision de TOUSSINT DUCASSE POR FRANCIS BACON avec du son mais est-ce de la Musique ? que l'on me réclamait de lire dans des soirées poésies, des salons du livres du Nord/Pas-de-Calais car entre temps ce texte "poétique" était paru dans mes premiers livres Toussint-Ducasse (Secondes Editions), Les Lettres de la nuit (chez S.U.E.L/Station Underground d'Emerveillement Littéraire) et l'anthologie Poète toi même (Edition du Castor Astral) puis il y a l'album de Chés Déssaquaches avec notre Bacon, des chansons de Konrad Schmitt et d'autres bricolages de notre blues-punk-rock en picard réinventé mais surtout ouvert sur le Grand Tout-partout (expression picarde) du monde entier, tout CELA est même maintenant devenu un peu et de plus en plus mythique dans le Nord de France et au delà car même à Paris, aujourd'hui, on m'en parle !? On me demande si j'ai encore des disques... On a laissé notre trace comme des escargots qui ont bavé lumineux, j'emprunte cette image à un propos de Francis Bacon justement à propos de son ambition...


TRIPTYKE PIKAR DECHL'ESCARBOT BAFIOUSE ARGEINTÈ 
ed S.O.D.A 2019.
Eune ote sourte ed Toussint-Ducasse por Francis Bacon.

...Francis Bacon est donc responsable de mon basculement assez radicale et définitif à l'écriture et à la Poésie, même si il existait un préexistant, il est coupable aussi du jaillissement de Chés Déssaquaches. OUI ! Il compte donc énormément pour moi et je considère qu'il est plus qu'un peintre et je recommande la lecture des ouvrages avec ses entretiens et aussi sa biographie, le livre aussi paru récemment FRANCIS BACON LE CANNIBALE de Perrine Le Querrec car tout CELA offre à (re)considérer avec un autre regard l'œuvre de Francis Bacon que l'on dit trop souvent et vite violente, agressive, elle est très dérangeante certes mais elle est de l'ordre du Cri, du grand CRI de l'Humanité. Puis Francis Bacon est le dernier des grands peintres figuratifs, ce n'est pas de la peinture surréaliste, cubiste ou avec des concepts alambiqués et bien souvent fumistes, c'est ancré dans le réel de nos chairs et de l'intériorité de celles ci, de l'âme. C'est pour CELA aussi que j'aime la peinture de Jacques Cauda qui se définit comme un surfiguratif, un retour artistique sur le réel de notre époque et même si cela doit être cruelle.

J'aimerai bien aujourd'hui rechanter les compostions de "mes" groupes de cette époque là, car il y a aussi Chés Eclichures (Les Eclaboussures) & [2]Brokes ([2]Hémoroïdes) par la suite mais il faudrait comme l'a dit à une époque '...trouver des musiciens qui acceptent de se perdre pour des chansons perdues**...'.
http://dessaquaches.free.fr/ 
pour accéder à un document d'archive, des tout débuts, et retrouvé.

POUR ECOUTER
TOUSSINT-DUCASSE POR FRANCIS BACON 
https://christian-edzire-dequesnes.bandcamp.com/track/toussint-ducasse-por-francis-bacon
- Collage de S.O.D.A/Christian-Edziré Déquesnes
pour la pochette de L'album sonore de Chés Déssaquaches.
*Titre, mais en anglais, du groupe flamand de Brugges et de rock-post-punk : RED ZEBRA.

**Expression empruntée à John Cale.

vendredi 25 janvier 2019

DIX MOI - 8. ...POUR TUER LA MISERE [hommage à André Robillard.].



- De Christian-Edziré vers Muriel & Didier ed Bércq-plaje. -

-8. Votre blog, "S.O.D.A en corps" est une galerie consacrée à une certain type d'art populaire : le collage et plus particulièrement le mail art. Le mail art a-t-il encore une place alors que les gens ne "communiquent" plus  que sur les réseaux sociaux,  là où le travail de la main se résume à appuyer sur des touches et à cliquer... pour des envoyer des messages instantanés et superficiels ? Ces mots reviennent en leitmotiv dans S.O.D.A. en  corps : "des courriers POUR TUER LA MISERE [hommage à André Robillard]. 

Oui, le mail art a encore des rôles à jouer et j'en vois essentiellement deux dans l'immédiat bien qu'en y réfléchissant plus profondément on en verrait plus mais on n'est pas là pour CELA. La première est de c'est dans une forme de résistance et aussi la célébration d'une forme d'art populaire, à la portée de tous, qui est emblématique et symbolique de la contre culture des années 60's, 70's et 80's, faire du mail-art c'est aussi une forme de lutte pacifique contre les tarifs postaux qui augmentent et nous assassinent alors que La Poste normalise tout pour des raisons de coûts et de l'on a remplacé et que l'on continue par des machines des emplois qui donnaient du travail et un salaire à des personnes. Là, "ils" sont en train de tout faire pour que tout le monde ne communique plus que par courriers informatiques et de manière virtuelle ce qui déshumanise les rapports sociaux entre les individus. Jadis le facteur avait une ample fonction sociale et il ne distribuait pas que le courrier, j'ai connu une époque où le facteur prenait le temps de demander des nouvelles aux personnes âgés ou malades, le facteur avait un rôle dans le maillage du lien social entre l'individu et la société. Il y a jadis des facteurs qui lisaient le courrier, les factures, aidaient à la rédaction de mandat aux personnes âgées maintenant ce n'est plus possible car ils ont juste le temps et le droit de distribuer le courrier. Alors en réaction à tout ça, je dis "Ecrivons NOUS les uns dans les autres !". Faisons comme Yves Simon l'a chanté judicieusement autrement déjà chanté dans les années en 1975.



Puis faire du mail art, décorer les enveloppes soi même avec des éléments de récupération c'est faire de la création artistique à son propre niveau et au quotidien de là où l'on est et de mettre son esprit en branle, de stimuler son esprit au service de son potentiel imaginaire et pour aussi communiquer avec autrui et la communauté car le courrier posté va vers un autrui... et c'est pour être partagé et ce n'est pas un "truc" virtuel, dématérialisé, c'est du concret que l'on tient dans les mains, CELA tue donc de la misère au quotidien et si chacun faisait CELA vous imaginez ! C'est pour cette raison qu'avec mes enveloppes mail-art, j'ai opté pour la formule "des enveloppes POUR TUER LA MISERE ! [hommage à André Robillard] ; André Robillard, l'un des artistes majeurs de l'Art Brut, il fabrique depuis très longtemps, qu'avec des matériaux de récupération) des FUSILS POUR TUER LA MISERE... le résultat c'est comme des jouets bricolés par un grand enfant et il y a aucun discours conceptuel et intellectuel autour de CELA, c'est direct, brut de décoffrage ! Peux-t-on plus simplement et avec une formule si forte accompagnée une réalisation artistique pour dénoncer en un même temps à la fois la guerre et la misère, sans chercher midi à 14 heure, que : FUSIL POUR TUER LA MISERE ! 


- Fusils pour tuer la misère d'ANDRE ROBILLARD. -
Puis CELA démontre que c'est utile et que CELA fait sens car par cette émulation, cet effet qu'à eu sur moi André Robillard ça provoque chez d'autres à qui j'ai envoyé, l'envie d'en réaliser aussi des enveloppes et courriers POUR TUER LA MISERE, et c'est beau ce désir d'en faire à leur tour et de m'envoyer leur enveloppe pour TUER LA MISERE ! Je vous à aller voir la galerie : http://soda-ffwl.blogspot.fr, vous pourrez visualiser le "Travail", le "bAAzAAAR".


- De Christian-Edziré vers KLO CHETTE. -


Pourriez-vous nous en dire plus ? Parlez-nous d' André Robillard ....


Je l'aime André Robillard et j'ai eu la chance de le rencontrer et de discuter plusieurs heures avec lui. C'est une des figures, toujours vivantes, de l'Art Brut en France. Il dessine, il crée des objets avec des matériaux de récupération ; il invente des histoire qu'i raconte, il chante, il joue de l'harmonica et de l'accordéon et fait parfois des spectacles avec Alexis Forestier (ex : Les Endimanchés]. Il n'a aucun discours conceptuel. C'est Jean Dubuffet qui l'a découvert et l'on ne le remerciera jamais assez ce dernier, d'avoir découvert André Robillard qui a vécu en institution psychiatrique.


Des livres existent sur André Robillard et son œuvre et je recommande d'y aller voir et notamment de par le livre qui est celui d'un très, très long entretien de lui, c'est d'une poésie, poésie de l'enfance, de l'imaginaire et du bon sens pratique extraordinnaire. Avec Francis Bacon, André Robillard est l'un de mes artistes plasticiens et "peintres" préférés... maintenant il y aussi Jacques Cauda que j'ai découvert depuis peu et qui est devenu un très grand Camarade que j'adore mais c'est tout autre chose, quoi que ? 

- De JACQUES CAUDA vers Christian-Edziré. -
Si vous ne connaissez pas André Robillard, allez-y voir et si vous passez par Lille et sa région, prenez le temps de vous tendre au LAM, musée d'Art Moderne de Villeneuve d'Ascq car là il y a toute une série imposante de Fusils pour tuer la misère d'André Robillard. J'y étais encore avant hier, samedi, au LAM car CELA me transmet une force redoutable à simple vrai hauteur d'Homme.


EL BAROQUE DUCASSE.
LA DEDICACE BAROQUE.

À André Robillard qui n'est pas picard,
pourtant !...


Quoé qu'chaù n-n'ét qu'ech picard ?
Qu'est ce que c'est que ce picard ?

Quo qu'i dit li ?
Qu'est-ce qu'il dit lui ?
Quo qu'i dit chit-laùl ?
Qu'est-ce qu'il dit celui là ?
Pi buzi qu'i ét in molet lazuré din s'ti:te,
Et pense qu'il est un peu fêlé dans sa tête,
E-pi zz'otes qu'is dij't qu'-z ont intindu qu'i s'prenot por in Leu ed PICARDIA
Puis d'autres qui disent qu'ils ont entendu qu'ils se prenaient pour un Loup de PICARDIE.
PICARDIA ! PICARDIE ! PICARDIA ! PICARDIA !

Quoé qu'chaù n-n'ét qu'cheulle PICARDIE ?
Qu'est que c'est que cette PICARDIE ?
Si i' n-in rèste (rèsse) coère quièt'cose...
Si il en reste encore quelques choses...
E-pi i' in rèste (rèsse) coère quièt'cose,
Puis il en reste encore quelque chose,
I vaù el déssaqué à s'mote edvaint ti.
Il vas l'extraire à sa manière devant toi.
Ch'ét ch'ti equ'i' ramache to't ch'quoé ? equ'i' treuve
C'est celui qui ramasse tout ce quoi ? qu'il trouve
Por in foére énne oeuv'e.
Pour en faire une œuvre.
Adon àcoute bin ! épi surtoute rawise bin !
Alors écoute bien ! puis surtout regarde bin !
Achteure ch'ét p'us parèl ! Y'AÙ CHEULE DUCASSE...
Maintenant ce n'est plus pareil ! IL Y A CETTE FÊTE FORAINE...

...EL BAROQUE DUCASSE !
...LA DEDICASSE BAROQUE !

Paru en 1998 dans BLEUZES DUCASSES
aux Secondes Editions du K. 

mardi 22 janvier 2019

DIX MOI - 7. ALWAYS THE PUNKS POR EMIE & PEHEME / M.I & P.M [Musiques, Images et Passions Modernes].

- Emie & Péhéme...
...Musique, Images et Passions Modernes.


- 7.  Visiblement à ce jour, vous consacrez votre temps à 90% pour vos passions, soit 45 % à l'écriture et 45 % à la Musique. Est-ce là des échappatoires ?

Oh ! la la ! Je ne comptabilise rien !  Je fonctionne à mon instinct, je me fie à mon instinct. Certains ils ne passent leur temps qu'au troquet du coin à picoler je ne sais quoi et d'autres à économiser pour s'offrir je ne sais quoi au sport d'hiver ou dans des grands voyages pour aller voir des cocotiers ou bien faire et défaire des cocottes exotiques puis afin de raconter ça plus tard à des collègues de bureau et après ? Ce n'est pas pour autant qu'ils auront gagner ce yoyo en bois du japon que chantait Annie Cordy. Moi, mon truc c'est de lire des livres et d'écouter des Musiques puis d'essayer de faire partager CELA à un maximum de personnes ; je ne crois pas que ce soit des échappatoires car j'assume en regardant les réalités en face sans faire semblant. Ce qui est vrai c'est que je suis passionné d'ailleurs au tout début des années 80's j'ai animé un fanzine El F.A.A'zine (Les Feuilles Associales Associées) et une association M.I & P.M [Musiques, Images & PASSIONS Modernes.]. Ce qui est réel également c'est que je ne compte pas, ni ne triche, que j'assume car je ne fais pas semblant ; NON ! Je ne suis pas un échappateur, je ne suis qu'un assumateur mais quelqu'un qui adore aussi inventer des mots, des associations de mots afin d'exprimer sa pensé et expliquer ses mises en œuvres concrètes ; puis je suis un peu comme un voyeur, un peu comme Lou Reed quand il racontait les choses observées de par sa vie qui a été toute une vie de jeune punk...*

- LOU REED -
...et même avant que CELA soit dans l'air du temps puis à la mode puis toujours et en corps quand on disait que CELA était dépassé. J'ai toujours été ainsi un vieux Lou(p) punk et même lorsque j'étais jeune.

Sex Pistols-JOHNNY ROTTEN/JOHN LYDON-Plubic Image Limited -


CHRONO-PUNK - Extraits. 

...Echl'ainnée passaint in-z étomes rindus en 76, qu'in-n alot intènne edvizé d'chés Sex Pistols... La tourade, ack ech Frèd Cask' ed Or - min thiot frarot- , in-n alot vir din l'sale dés fiètes ed Sin l'Nob', Takavir ! Eddie and the Hot Rods.

E-pi bétot, i n-y aura chés Stranglers - Rhénondidjous' nondidjou d'mahousse ! - euzote, laù, i-z éto't' vrémint téribe ! - ...
...Toudi su l'cochi mi j'dévalo à Londe, Pari, Brussèle, au mitan d'tous chés punks qu'i-z avo't' dés caveus parèlh eque mi.

[...] E-pi n'-y' a toudi su l'cochie dés jonnes punks (pètète dés jonnes ed punks, asteure !), dés jonnes qu'is rèv'te din monne déloyé pi innsécanmint pu amiteu...

Asteure, ch'cho fo qu'in viu leu punk, trécopant in chim'tière aveuck deus boutlots d'io. Ech'chu fo qu'in viu punk qu'i àrwète ènne tère dormoire... In viu punk, é-pi dzeur ènne cro n-y'a d'marké chés thiots-noms ed chés jonne'jins qu'i-z airont toudi dijneu-vains...

Le 15.01.2003
Traduction française du picard.
...L'année passant, nous voici en 1976, on allait entendre parler des Sex Pistols. Là, tout de suite, avec Fred Casque d'Or, mon jeune frère, on allait voir, dans la salle des fêtes de Sin-le-Noble, tu n'as qu'à voir ! Eddie and the Hot Rods...

...Puis aussi bientôt il y aurait  The Stranglers - Nom de Dieu de Truie ! Ceux-là étaient vraiment terribles  -...
...Toujours en route, moi j'allais à Londres, Paris, Bruxelles au milieu de tous ces punks qui avaient des cheveux pareils à moi.
[...]
...Puis il y a toujours sur la route des jeunes punks (peut-être des enfants de punks aujourd'hui !), des beatniks puis d'autres, avec le temps j'ai appris que CELA c'était la même histoire, des jeunes qui rêvent d'un monde libéré puis beaucoup amical...

Aujourd'hui, je ne suis qu'un vieux loup punk, traversant un cimetière avec deux bidons d'eau. Je ne suis qu'un vieux punk qui regarde une tombe... Un vieux punk, puis inscrit sur une croix les prénoms de jeunes personnes qui auront toujours dix-neuf ans.

samedi 19 janvier 2019

DIX MOI - 6. Je veux qu'elles reviennent... PENELOPE !


7. - C'est une femme, Madeleine, votre grand-mère maternelle, qui vous aurait fait tomber en amour pour les musiques... Les femmes semblent être pour vous une belle source d'inspiration...
quelles femmes vous ont le plus marqué ?
1- en musique (blues, rock, folk et autres)
2- en poésie et littérature
.

- Mémé Madeleine m'a fait aimer les Musiques mais les livres aussi.
1. En Musiques, Françoise Hardy est la première qui m'a marqué.

En blues Sister Rosetta Tharpe car c'est une sacrée chanteuse de gospel.

En rock, idem, Sister Rosetta Tharpe car vous avez déjà fait l'expérience de voir, entendre comment elle interprète le blues ?

En folk, je pense à Sinéad O'Connor pour son album Sean-Nòs Nua et surtout sur ce disque son duo avec le Géant Christy Moore pour la fabuleuse reprise de l'incroyable chanson folk irlandaise Lord Baker...
...Et depuis fort peu de temps Rose Maddox, une grande adolescente qui de 1959 à 1962, a chanté de manière divine et parfois comme une véritable délurée possédée avec de la country music avec ses frères. 




Autres, Patti Smith car elles est multiple et extraordinaire puis quand à l'époque de la parution de son premier album HORSES en 1975 produit par John Cale, CELA a été pour Fred, mon p'tit frère, une révolution et CELA NOUS ramène à Arthur Rimbaud qu'elle adore et célèbre toujours à sa manière admirablement.

Dans la littérature j'aime plus que tout le personnage de la fidèle Pénélope d'Ulysse car cette femme est la Dignité. Sinon j'ai une immense tendresse pour les écrits de Sylvie Plath.


Nièrqué ! - Extraits.

Aveucq mi din l'amoèr, te n'sra mie ènne ourmie !

Por ech qminchmint ! bèlë conme ènne bablute, ej ravise bin qu'te m'barghinhe [...]

...[...] Padvant !
Padzeur !
Padzou !
Par drière !
Olute ! Eddin !
Olute ! Eddin !

Ech oudèle s'ingarne din ènne mutèrne ploène ed chuque d'orche. Cheule nichtée ét to't èstoùmaquèe !

Nièrqué ! Nièrqué !
Toudi nièrqué !
Incor é-pi cor toudi nièrqué !
            
                                                  Pi d'in cop ed l'amoèr ch'ét INSANNE dépeulè chl'éclite ! (èstiqué ll'éspitache !)
Dessaqué intër déchènbe 1997 é-pi jainviér 1997.


Cogner !

Avec moi dans l'amour, tu ne seras pas nonchalante !

Au départ ! Mignonne comme un bonbon,  je remarque bien que tu me vises avec malice [...]

[...]Devant !
Sur !
Sous !
Derrière !
Dehors ! Dedans !
Dehors ! Dedans !

Comme à l'assaut d'une taupinière pleine de sucre d'orge, le rouge-gorge d'introduit. La nichée est toute éberluée !

Cogne ! Cogne !
Toujours cogner !
Encore et encore toujours cogner !

                                                           Puis d'un coup de l'amour, c'est ENSEMBLE, enivré, l'éclair ! (enfoncée l'éclaboussure !)                                                                 


Extrait entre décembre 1997 et janvier 1997,
paru en juin 1999 dans TOUSSINT DUCASSES aux Secondes Editions du K.

jeudi 17 janvier 2019

DIX MOI - 5. LE CRI DU BEBE BLEU.



- 5. Le blues que vous affectionnez tant, correspond à un état d'âme triste d'une personne déprimée. Que c'est-il passé dans ton enfance pour que vous soyez si marquée ?

Au sujet du premier point de la question, contrairement à l'idée reçue qui est d'associer le blues à la déprime et la tristesse, je tiens à dire que c'est là une notion très réductrice puisqu' il y a des blues très joyeux, jubilatoires, d'autres très revendicateurs et politiquement engagés puis encore ceux qui expriment la nostalgie, la peine et la tristesse. Le blues exprime les joies et les peines... (comme l'a si bien chanté Johnny Halliday mais dont la meilleure chanson pour moi est Quelque chose de Tennessee) ...des uns et des autres. Le blues est un genre musical et poétique qui emprunte des déclinaisons très diverses afin d'exprimer la vie privée, publique de la communauté humaine. Le blues est l'expression de l'âme des gens dans la vie. Le blues peut donc prendre aussi des formes tout à fait de joies jubilatoires, alors il est la démonstration qu'il ne faut pas surtout pas prendre les certitudes pour argent comptant, que les idées reçues sont presque toujours trompeuses, que rien ne vaut l'expérience empirique et qu'il est bon de savoir être relatif en toute chose en toute occasion, ce qui n'est pas simple j'en conviens mais le blues alors, moi, il m'aide...

En second lieu, en rapport à mon enfance qui globalement n'a pas été une enfance malheureuse du tout ! J'ai conscience que j'ai vécu une expérience très particulière alors que j'avais 6 ans et qui je le crois m'a profondément secoué. En aout 1962, je me retrouve en colonie de vacances en Suisse et, là, je me chope une très grave pneumonie, j'ai craché du sang ! j'ai perdu connaissance, je pense avoir flirté avec la mort au moins de deux manières différentes cette fois là. Je me suis retrouvé hospitalisé dans une chambre, j'en ai un souvenir très blanc ! avec deux lits, le mien, prés de la porte, et celui, prés d'une grande fenêtre, d'un vieux Monsieur qui gémit sans cesse et tousse à s'arracher les poumons. Tout le monde est très gentil, prévenant avec moi ; bien sûr mes parents ne sont pas présents car du Nord de la France à la Suisse il y a une sacrée trotte et mes parents qui sont d'un milieu très modeste n'ont alors pas de voiture ! Bientôt le personnel hospitalier vient mettre un paravent blanc entre mon lit et celui du vieux Monsieur puis dans les heures qui suivent on m'emporte dans une autre chambre où il n'y a que des jeunes hommes et tout le monde continue à être très gentil avec moi, notamment un jeune homme qui a une jambe sacrément amochée et avec une impressionnante broche métallique pour lui rafistoler la guibole. En discutant avec lui je comprend qu'il a eu un accident de moto et que j'ai assisté à son accident ; juste avant de perdre connaissance, j'étais au bord d'une route qui traverse en zigzague une clairière dans une épaisse forêt de sapin, en Suisse, où les moniteurs de la colonie ont emmené les gamins regarder passer une course de moto et c'est comme CELA que j'assiste à une sortie de route d'un motard qui dérape dans un virage et ce retrouve dans le décor et c'est là que je perd connaissance. Mais le motard et moi, on se retrouve dans le même hôpital et bientôt on se croise dans la même chambre. Quand on me ramène dans ma chambre initiale à deux lits, le paravent blanc n'est plus là et le lit du vieux Monsieur est fait impeccable et vide, j'ai le souvenir alors d'une lumineuse clarté dans la pièce qui baigne dans une réconfortante chaleur de par le soleil qui traverse la vitre de la fenêtre de la chambre. Bien sûr, personne ne m'a jamais dit que le vieux Monsieur est mort ! CELA m'a marqué en effet, je me souviens de tout avec tant de détails que CELA tourne dans ma tête comme la ritournelle T.B Blues à propos de la tuberculose que Jimmy Rodgers, Leadbelly, où Victoria Spivey osaient chanter.



Puis je suis un bébé bleu ! Mes parents m'ont souvent raconté que quand je suis venu au monde, à peine accouché, je ne respire pas ! Alors la sage femme, Madame Cabusel, me clique les fesses, je crie ! mes poumons s'ouvrent, je respire, je pleure... et donc VIE ! Vive le Blues ! Ces souvenirs, l'un conscient, l'autre non mais rapporté, j'y pense souvent encore, je rectifie même volontairement en corps ! car quand tout va mal de m'en souvenir CELA m'aide à savoir être relatif, même si les événements sont dramatiques. Je crois que c'est CELA le vrai blues, dans le regard, la parole, le chant, l'expression une mise à distance, une prise de recul qui finalement aide à trouver une certaine force, une propension à gérer des émotions qui nous submergent et qui pourraient nous être fatal. Bref, mon blues, je le vois et vis de la sorte... comme une mise à distance d'avec moi même pour pouvoir continuer l'affrontement avec la vie, comme dans la chanson L'oiseau de nuit de Michel Polnareff.



Le CRI du bébé bleu (24.11.2006)-extraits.
Au Pépé Suisse.



[...] Dans un sanatorium, il crachait ses poumons dans une cuvette, remuant ses doigts dans le sang avec ravissement, ce qui avançait avec la faux invisible à travers la vallée était une ombre [...]*

[...] C'est vraiment pour moi, ma première expérience avec la mort, pas tant parce que c'était moi qui crachait le sang mais à cause qu'à l'hôpital on m'avait parqué dans la même chambre qu'un vieillard qui n'arrêtait pas de gémir, de râler et de crachoter quand il le pouvait, il tentait généreux de me parler mais je ne comprenais rien. Je voyais bien qu'il souffrait mais qu'au delà de sa souffrance il demeurait bon et juste puisque de ces regards tendres et bienveillants il essayait de me rassurer. Il y avait une immense bonté, de la sainteté !? dans ses yeux malgré sa grande souffrance qui ne s'arrêtait que lorsqu'une dame du personnel soignant venait lui faire une piqûre mais avant que quelqu'une vienne ça pouvait durer des heures. Quand une de ces dames arrivaient enfin pour soulager le Pépé, j'éprouvais de la haine envers elle, je souhaitais vraiment la voir là, à son tour à la place du Pépé. C'était vraiment des sentiments nouveaux pour moi l'amour, la compassion et la haine mêlés. Puis il y a eu ce jour où l'on est venu mettre un paravent blanc entre Pépé et moi. Dans les heures qui suivent, on vient me prendre et me m'emporter dans une autre chambre. Là, c'est très curieux, mystérieux, c'était une chambre où il n'y avait que des jeunes hommes dont un avait une jambe plâtrée avec une broche métallique qui dépassait. C'était un coureur de courses de motos, donc pour moi c'était un peu, à cause de la fabuleuse séquence final du film La Grande Evasion, Steve McQueen que j'avais découvert quelques temps auparavant lors de ma toute première sortie familiale au cinéma avec mon père. Et à l'hôpital, ce jeune était véritablement un pilote de courses de motos qui avait eu un accident lors d'une compétition, il m'a raconté ça et là pour moi c'est vraiment étrange car j'ai réellement vu cet accident... 

[..] Et le bébé prit feu. Les flammes s'enroulèrent autour de sa bouche et attaquèrent les gencives qui se contractérent. Autour de son cordon rouge, les flammes léchèrent son petit ventre jusqu'à ce que la chair saignante s'affaissât parmi la bruyère. Une flamme toucha sa langue Hiiiii ! cria le bébé qui brûlait et la colline répercuta le cri.*

Saint Amand-les-Eaux, le 24 novembre 2006 ;
revu et modifié en Dwai, le 26.12.2018.

*extrait de la nouvelle Le bébé qui brûlait de Dylan Thomas.


dimanche 13 janvier 2019

DIX MOI - 4. Blues pour toujours !



4. En me promenant sur vos blogs musicaux, j'ai remarqué que le blues est très important pour vous...pouvez-vous m'en parler ?

- La question est directe, brève mais si je désire parler en profondeur du Blues CELA va prendre plusieurs jours... Je vais tout de même essayer de faire court ; surtout j'espère permettre à au moins quelques personnes d'y aller voir plus prés et en profondeur sur la question du sujet, Le BLUES. 


Je confirme cette Musique, cette poésie car c'est aussi de CELA qu'il s'agit est très importante pour moi et depuis 1981. J'ai 25 ans et alors je suis déjà un acharné de Musiques dites rocks qui pense que le blues c'est ringard mais j'ai tout faux ! et si je possède beaucoup de disques déjà, si j'anime une émission hebdomadaire Baroque Bordello sur les ondes d'une radio libre, si j'ai bien quelques uns des premiers albums que j'adore, avec beaucoup d'excellentes reprises blues, de The Rolling Stones et de Tom Waits (mais c'est déjà plus du blues pur), je ne possède qu'un seul véritable 33 tours de blues, Beware of the Blues de Hound Dog Taylor, acheté après avoir lu en 1976 dans une interview de Keith Richard  tout le bien qu'il pensait de ce grand bluesman dont le jeu crade de sa guitare électrique au service sa voix "criarde" me font aux premières écoutes penser aux groupes punks que depuis quelques années j'écoutais à fond de fond. 




Puis en 1981, je découvre T.C Matic, le groupe belge à l'époque, d'Arno et j'hallucine littéralement ! quelques mois plus tard j'ai la chance de pouvoir rencontrer Arno afin de réaliser une interview pour le fanzine rock et l'émission de radio que j'anime alors. Lorsque je demande à Arno qu'elles sont ses influences, ce qu'il écoute en Musique, je m'attend qu'il me sorte des noms comme Gang of Four, Killing Joke ou même Joy Division mais non il se met à me parler de blues, de Sonny Boy Williamson, Howlin'Wolf et il me recommande vivement d'écouter Willie Dixon ce que j'ai fait... 


Arno venait de m'ouvrir très largement une très grande porte... Comme il l'a souvent dit et ne manque jamais de le rappeler toutes les Musiques réellement populaires et moins populaires qui vont être inventées, réinventées et déployées au siècle 20 et 21 ont à voir avec le blues et le folk blues, sans le blues pas de rock 'n' roll, pas de jazz, pas de soul music, pas de hard ou punk rock, pas de disco non plus ! Pour résumer sans le blues pas de Lou Reed ou de Bob Dylan ! là, volontairement je cite Bob Dylan pour dire à celles et ceux qui désirent approfondir la question de l'immense importance du blues et bien il faut lire, une trentaine de pages, le Discours à L'Académie suédoise de Bob Dylan à l'occasion de la remise de son prix Nobel de littérature en 2016 quand il devient  le premier musicien américain à se voir décerner le prix Nobel de littérature pour "avoir créé de nouvelles expressions poétiques, dans le sillage de la chanson traditionnelle américaine". Ces chansons traditionnelles c'est des blues afro-américains mais aussi des compositions du folk blues qui viennent d'Irlande, d'Europe centrale et même des montagnes suisses, le fameux yodel que va populariser Jimmy Rodgers.



En trente page Bob Dylan dit tout ce qu'il faut savoir pour se voir ouvrir toutes grandes les portes de cette révolution qui n'a rien inventé, juste réinventé des styles préexistants. Bref ! Je recommande que vous soyez novice ou non, de lire ce discours de Bob Dylan qui résume ma passion, ce virus que m'a transmis Arno pour non pas le Blues mais les Blues car il y a tant & tant de style de blues différents.



Pour achever de vous en convaincre, si il faut vous convaincre, plonger vous dans l'énorme travail du cinéaste Martin Scorsese sur le Blues. Martin Scorsese et le blues c'est 7 films thématiques avec 8 réalisateurs différents [Mike Figgis, Richard Pearce & Robert Kenner, Marc Levin, Clint Eastwood, Wim Wenders, Charles Burnett et enfin Martin Scorsese en personne] puis aussi en parallèle un livre très riche - Le BLUES - des textes et documents rassemblés par Peter Guralnick, Robert Santelli, Holly George-Warren et Christopher John Farley et aussi encore un coffret de 5 disques compacts et un livret, The Blues : A Musical Journey. Enfin pour ceux qui désire se pencher sur la question du langage et de la poétique du blues je ne peux que les inviter à plonger dans les 450 pages de la troisième réédition améliorée de Talkin' that talk, le langage du blues, du jazz et du rap-Dictionnaire anthologique & encyclopédique. En effet le Blues est une chose très importante et universelle. Le Blues est une culture populaire universelle et j'ose même affirmer LA CULTURE POPULAIRE UNIVERSELLE déployée au siècle 20, elle est apparue avant ! Ce phénomène artistique et sociologique poursuit son développement de nos jours... 


PLAT DU JOUR
À Francis Carpentier


Yeah yeah ! Le flamand d'Ostende, une nuit, m'a dit
Toi, garçon, faut que t'écoute Willie, Willie Dixon !
Le type qui plusieurs fois déjà m'a sauvé la vie
De par son Little Rooster et j'aime chanter ça !


Well Well ! Garçon tu veux danser maintenant ? vas-y !
Tu peux te laisser aller, mais vas chercher, dans son coin, Libba,
N'oublie pas Rory ! Avec toi entraines les sur la piste de danse,
Vois ! Willie se fend la poire en tapant la mesure sur son bide.


Yeah yeah ! Makoto et Wilko ont pris leur guitare électrique.
Bror cogne déjà la grosse caisse, C.W empoigne la contrebasse
Alors que Roland, Scott et Frank mouillent leurs harmonicas.
Voyez ! Willie se marre en tapant la juste mesure sur son bide.


Well Well ! Ils nous refont le coup du Hoochie Coochie Man
[I'M YOUR] et les joyeuses roubignoles rouges sont servies,
C'est le plat du jour au septième ciel sans enfer, ni paradis.
Venez ! Willie chante en tapant la juste mesure sur son bide.


Yeah yeah ! Et CELA rentre sans frapper ! V'là le gros du renfort,
C'est Skip, Bo, Michaël et Hound. Qui dit : ils sont morts ?
Faux ! Ils vivent car toujours avec eux nous chantons, dansons.
La preuve ? Willie hilare qui tape la juste mesure sur son bide.


Well Well ! Le flamand bleu d'Ostende, une nuit, m'a dit
Toi garçon, faut que tu écoutes Willie, Willie Dixon !
Ce type, Francis, plusieurs fois aussi, m'a sauvé la vie
De par son Little Red Rooster... Plat du jour, pour toujours !


Saint Amand-les-Eaux, le 11.07.2017.