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Ch'ét ll'éxistinche, ichi in baù, qué dalache, ch'é-t insin.
Filacar dérachant l'pio, fu qu'in n'sèt nin l'éwanté,
Qui broule ! Ch'ét ch'bérlache incrinké din m't:ète machukée,
Pi m'vinkira. Répiyeu qu'i rakeur bérlache por et'dir' :
"Ch'ét pon pace eque te sake su l'keue dech sorét
Eque ti t'aira du caviar. Ch'ét pon nin-pu pace eque
Te t'acate ènne rikinpète d'épeut'nal eque ti te t'sintira
Fin bénache à l'f:ète-gardinière à no përzidint". Pi àcoute, te peu
Résséyé d'canjé to't d'ti, ech bérlache i n'canjra mie.
Aaaargh ! Renaître. Tu es sacrée, ô Iwerrydd ! Renaître en ta bouche sacrifiée.
Iwerrydd divine - au secret de ton corridor tabou parachuter le saint miel.
Efffacer de nos cœurs l'empreinte de Diafwl, l'authentique charogne fécondée.
En vers arithmonymes de douze.
Traduction de la partie en picard : Ecoute bien ! Le conducteur du char à bancs (en fait c'est un autocar) aimait bravement la vitesse. / Vite, toujours plus vite, vite il dévalait. Dans les fonds, promptement ! / Toujours dare-dare et dans l'extrême hurlement, voilà l'infortune finale. Arrrgh ! / Le cri tel que depuis que je suis tombé dans le monde. Le cri / Comme un clou tordu. Dans mon gosier jamais identique il ne reste / Le cri qu'on ne peut desserrer et il tourne, cri, / Cela tourne et ça se retourne en soi, ce cri sous la peau / Là où ceux qui savent tout ne veulent pas / L'entendre, le cri, dites voir ! Encore, toujours tourne le cri, il / Tourne - crédieu ! - pareil à l'épingle, l'aiguille, qui tourne, et tourne-tourne / Dans mon œil où elle se fiche encore en se retournant / Sur elle-même pour s'enfoncer dans ma cervelle de pauvre hère. / Il fait souffrir, ce cri, oui, quelle douleur atroce. / Mais c'est ainsi, l'existence ici-bas est telle. / Barbelé déchirant la chair, feu auquel on ne peut échapper, / Et qui brûle ! C'est le cri embranché dans ma tête meurtrie, / Et il me vaincra. C'est rugueux que r'accourt le cri pour te dire : / "Cela n'est pas parce que tu tires sur la queue du hareng-saur / Que tu auras du caviar. Ce n'est pas parce que tu achètes une redingote d'épouvantail que tu te sentiras / Béat d'aise à la garden-party du président." Et écoute, tu peux bien / Essayer de changer tout de toi, le cri, lui, ne changera pas.
Bérlache : puissante lamentation sonore, en picard.
Blodeuwedd : signifie en gallois, née des fleurs ou encore "visage de fleur". C'est une Femme merveilleusement belle, crée par la magie de Math et Gwydyon à partir de fleurs de chêne, de genêts et de reines-des-pués, pour être l'épouse de Lleu. Elle trompe Lleu avec Goronwy, chasseur et seigneur et tous les deux échafaudent un complot pour tuer Lleu... Mais Lleu ne meurt pas et s'envole sous la forme d'un aigle. Math et Gwydyon décident de venger Lleu et ils transforment Blodeuwedd en hibou.
Gwaml : en gallois, signifie : primate de race inférieur, bandit, pillard.
Cigüe : plante toxique.
Bleiz : homme-Loup, en gallois. C'est également le nom du confident et scribe de Merlin.
Hu Kadarn : le vaillant, le glorieux, en gallois. Hu Kadarn est le guerrier qui combat Cythraul, le prince des ténèbres. Civilisateur, il est aussi l'instructeur des hommes. Il épouse la déesse Cerridwen.
Mon pays d'origine est la région des régions d'été. Je me trouvais avec mon Roi au plus haut des nuées Quand Lucifer tomba à jamais dans le profond gouffre d'Enfer. J'ai porté la lumineuse bannière des rebelles devant César, Jules. Je suis les noms des astres du Nord et du Levant. Je suis l'érecteur des Gayant de l'Îles de Pâques.
Je me tiens sur la voie lactée, près du Grand Instigateur.
J'ai été Ulysse défiant le baiser de Circé, molestant les dieux.
J'ai accompagné l'esprit divin jusqu'au val d'Hébron.
J'ai été la baleine, l'intestin où Jonas a su.
J'ai été le précepteur inspiré de Tintin sans Milou.
J'ai été l'inspirateur du chien Milou mordant Mickey Mouse.
J'ai su parlé avant d'être doué de la parole. Je résidais en Canaan le cœur courroucé quand Absalom fut tué.
Je quittais Berlin en ruines où fumait le corps d'Hitler.
J'étais aux côtés du Général Patton pour la Grande Evasion.
J'ai offert mes épaules en perchoir aux corbeaux d'Odin.
J'ai grimpé l'âpre raidillon avec Jésus portant sa croix
Et - doux repos - dormi dans le tombeau clos d'une pierre.
J'ai été Kashhila, chef indien Wishram contre les colons blancs.
Je suis le sanglier magique - Twrch Trwyth - compagnon du Grand Cerf.
J'ai été le chamane d'Attil - pour rattraper le soleil.
J'ai erré sur les cercles de la céleste Couronne septentrionale
Et, de l'aurore boréale je jouais comme d'une harpe.
Œil de Noé, j'ai rêvé de la houache de L'Arche.
J'ai serré la pogne d'André Robillard un hiver en Paris.
J'ai contemplé, fiévreux, la destruction de Sodome et Gomorrhe.
J'ai vu l'Afrique avant que Rome ne s'éveille.
J'ai inventé une Mer de mots magiques pour la Pucette.
J'ai fuis la félonie d'icelle pour demeurer seul, Icelui.
J'ai suivi le relent secret du long cotron de Belphégor.
J'ai joué aux osselets de Sélénite avec Steve Mc Queen.
Je suis monté au septième ciel avec la Marie de Magdala.
À Eleusis, j'ai pu toucher le noir pubis de Perséphone.
J'ai rassemblé des Tuatha de Danaan dessous les tertres
Et j'ai frappé avec Quetzalcóatl sur la cymbale du soleil.
J'ai déjeuné avec Hedd Wynn et Francis Ledwidge en Ypres.
J'ai, avec Arthur Rimbaud emporter Gavroche pour l'enterrer, loin.
Au faîte du terril, ma main sur l'épaule de Cafougnette,
D'un geste large, j'ai ouvert la grande terre ouvrière. Je suis l'instituteur de tout l'Univers, craie aux doigts,
Et, jusqu'au Ragnarök, jusqu'au jugement, hommes, je vous conduirai.
Il n'est merveille, horreur, mystère, bonté ou cruauté - ou sainteté -
Au monde déjà perdu pour nous que je ne puisse révéler.
Lai : au Moyen Âges, petit poème narratif ou lyrique à vers courts, généralement de huit syllabes, et rimes plates (Les lais de Marie de France).
Gayant : géant, en picard. Les Gayants sont aussi des géants d'osier qui font la réputation de la ville de Douai. Ces géants ne sortent qu'une fois l'an, durant les festivités de la ducasse (fête foraine) de Douai, qui dure une semaine. L'auteur est né durant le dimanche des fêtes de la ducasse de Douai de 1956. Mr. Gayant était dans la cour de la maternité de la clinique Minet quand Christian-Edziré Déquesnes a été jeté au monde.
Ulysse : héros de la mythologie grecque qui met fin à l'interminable guerre de Troie grâce à l'astuce du fameux Cheval de Troie. L'Odyssée, qui conte le voyage et les aventures du retour d'Ulysse en l'Îles d'Ithaque pour retrouver son épouse Pénélope et son fils Télémaque, dure sept ans. Ce récit et une version des Aventures des chevaliers de la Table Ronde, parus dans des collections jeunesse, furent les deux premiers livres lus par l'auteur.
Circé : puissante sorcière qui vit dans l'îles fabuleuse d'Eéa. Grâce à ses pouvoirs magiques, elle transforme les compagnons d'Ulysse en pourceaux lorsqu'ils débarquent sur son île. Ulysse devient son amant et reste une année auprès d'elle. Dans certains récits, Circé épouse, plus tard, le fils d'Ulysse, Télémaque.
Hébron : De nos jours AL-Khalil, ville de Jordanie, au sud de Jérusalem.
Jonas : l'un des douze petits prophètes (siècle 8 av. J.-C.). D'après la Bible ("Livre de Jonas"), il fut miraculeusement rendu à la vie après avoir séjourné trois jours dans le ventre d'un gros poisson.
Tintin et Milou : célèbre personnages de bande dessinée créés par le dessinateur belge Hergé. Notons que le célèbre château de Moulinsart, appartenant au Capitaine Haddock, meilleur ami de Tintin, s'inspire d'un lieu qui existe réellement dans la banlieue de Tournai, en Wallonie picarde. Notons également que Milou, s'il ne parle pas, pense toujours de manière bien plus pragmatique que son maître.
Mickey Mouse : L'une des plus importante figure emblématique de l'impérialisme des Etats-Unis.
Absalom : personnage hébraïque, Fils de David, révolté contre son père. Vaincu dans un combat, il s'enfuit mais sa longue chevelure se prit dans les branches d'un arbre et il resta suspendu. Joab [est-ce important de savoir qui c'est ?], qui le poursuivait, le tua.
Hitler : célèbre chancelier allemand dont l'une des plus jolies réussite est d'avoir fait en sorte que son prénom, Adolphe, soit devenu plus difficile à porter que celui de Jésus.
Odin : parfois Wotan ou Woden, fils de Bor et petit-fils de Buri, il est le chef des dieux de la mythologie germanique. Les Viking sont fascinés par l'amour d'Odin pour le combat, en tant que père des morts. Signe particulier : il est borgne ! [comme Adolphe Hitler, bof... ].
Jésus : ancêtre des stars du rock, célèbre pour avoir été le fils incarné de Dieu sur Terre ; son prénom n'est donc guère simple à porter par le quidam des mortels, toutefois cela demeure moins impossible de se prénommer Jésus qu'Adolphe.
Kashhila : nom d'un des plus grand-chef d'Indiens de la tribu Wishram.
Wishram : non d'une tribu d'Indiens d'Amérique du Nord.
Attila : roi des Huns, vainqueurs des empereurs impérialistes romains d'Orient et d'Occidents. Il ravage les cités de la Gaule - épargne Lutèce - comme le prédit sainte Geneviève. En 452, il pille l'Italie jusqu'à Rome, puis se retire en Pannomie où il meurt en 453. Son empire s'effondre après lui.
Sodome et Gomorrhe : villes de Palestine situées près de La Mer Morte, qui selon la Bible, furent détruites par le feu du ciel en raison de leur dépravation.
Cotron : longue jupe en tissu de toile épaisse, en picard.
Belphégor : dans un feuilleton télévisuel français des années soixante, fantôme qui hante les couloirs du musée de Louvre. Il va terroriser les pays de France durant des semaines...
Eleusis : ville de Grèce au nord-ouest d'Athènes. Ruines importantes. Temple où l'n célébrait les mystères d'Eleusis.
Perséphone : reine des Enfers, fille de Zeus et de Déméter.
Tuatha Dé Danann : dans la mythologie irlandaise, dernière génération de dieux à régner sur l'Irlande, avant son invasion par les fils de Milésius.
Quetzalcóatl : divinité précolombienne du Mexique, dieu de l'Air et de l'Eau, animateur de la nature.
Cafougnette : Zeph', de son prénom, personnage de mineur créé par Jules Mousseron (1866-1943) ; l'œuvre de ses écrits en picard se déroule dans le milieu des mines de charbons du Nord de la France.
Ragnarök : crépuscule des dieux germaniques. Un âge de la hache, un âge de l'épée, [Excalibur ?], il s'agirait de la répétition, du retour [de la répétition ?] de l'âge du vent et de l'âges du Loup réunis avant l'anéantissement du monde ; ce qui n'est pas clair sont-ils réussi pour sceller la fin des fins ou pour la combattre et l'anéantir ? Si le christianisme a fini par s'imposer chez les peuples germaniques d'Europe du Nord comme chez tous les peuples convertis au catholicisme, une obsession n'en demeure pas moins : celle d'une disparition cosmique.
Myrddin, dans le linceul de verre, doute de Boann.
Au grand commencement, ni Noël lumineux, ni Nouvel An.
Avec Twrch Trwyth, juste le Grand Cerf. ils descendent
Des dunes vers la grève que l'on nomme
Des dix de mille de siècle, bientôt, Berck-plage.
Aussi, Dieu est le spectre bleuté du roi ARTH;
Merdrawt s'agenouille. Il pleure la vierge douce, Marie;
Au commencement il n'y a pas la plage,
Ni les dunes, juste le Grand Cerf. Il accourt
Au bord de la haute falaise. Du plus loin,
C'est de là qu'il s'en vient.
Aussi , Dieu est toujours dieux puisque les hommes misérables.
Peredur, en Grand Cerf, nous révèle le véridique Graal.
Au commencement il n'y a pas l'aube.
Ni le Cerf, ni la falaise ou la plage.
Au plus loin dort la grande eau de Dieu,
En gésine, de l'humaine genèse. Mais Morrigan envieuse
Veille. Aussi, Dieux sont incendiés d'écailles incandescentes : lèpres.
Gahalad - puceau céleste - fouille de ses longs ongles princiers,
Au grand commencement final, la triste chair du diable.
Et Merdrawt pleure dans les bras du roi Arth.
Alors, serein, Myddin regarde courir sur la grève apaisée
le Grand Cerf des bois de Buire-le-Sec.
En vers arithmonymes de neuf.
NOTES.
Marwnad : élégie, en gallois. Petit poème lyrique abordant généralement un sujet tendre, mélancolique ou triste.
Myrrddin : Merlin, en gallois. Célèbre magicien du cycle arthurien.
Boann : divinité de l'eau chez les gaéliques et mère d'Aengus, le dieu irlandais de l'amour.
Twrch Trwyth : le sanglier magique, en gallois. Dans la mythologie galloise, roi qui, à cause de ses fautes, fut changé en sanglier. Le sanglier est un animal important pour les gaéliques, représentant à la fois la guerre et la fête.
Berck-plage : haut-lieu symbolique de la Grande Picardie Mentale, Berck-plage et ses figures mythologiques, notamment Konrad Schmitt, ont eu une influence certaine sur l'auteur.
Arth : ours, en gallois. C'est également la bas étymologique du prénom Arthur. Notons que la longue période de dépression et d'isolement du roi Arthur à la suite de sa découverte des amours de Geneviève et Lancelot a pour conséquence l'hibernation/dépression du roi Arthur et qu'elle ne cessera que lorsqu'il se redresse pour le combat final. Pour l'anecdote, Arthur est le prénom du père de l'auteur.
Merdrawt : Mordred, en gallois, À la fois le fils et le neveu félon du roi Arthur, puisqu'il a été conçu durant une nuit de sorcellerie où la fée Morgane, demi-soeur du roi Arthur, prit l'apparence de Geneviève pour séduire le roi et avoir un fils avec lui. Au cours du combat final, Arthur tue Merdrawt, qui auparavant réussit à le blesser mortellement.
Peredur : dans la mythologie galloise, Peredur, l'un des nombreux chevalier du roi Arthur, est particulièrement doué pour vaincre les sorciers qui, au Pays de Galles, prenaient l'apparence de chevaliers en armure. Ses nombreuses aventures forment la base de l'histoire de Perceval. La pureté de Perceval aurait pu lui permettre de voir le Graal, mais il ne peut le voir intégralement, ni jouir de cette béatitude qui échut à Galahad.
Graal : Le Saint Graal est la coupe sacrée de la mythologie arthurienne, coupe qui aurait servi au Christ lors de la Cène. Rapporté en Grande-Bretagne par Joseph d'Arimathie, qui enterra le Christ, le Graal est associé au tout premier temps de la christianisation de la Grande-Bretagne et particulièrement à Glastonbury. Le Saint Graal fut perdu, mais on pense qu'il n'a pas quitté la Grande-Bretagne mais qu'il a été caché pour le préserver de l'impiété des temps. En fait, la seule présence de la coupe suffit à inciter les chevalier de la Table Ronde à suivre la voie de la bonté. Pour certains, tenter de retrouver le Saint Grall sera la quête suprême de leur vie.
Morrigan ou Morrigane : déesse irlandaise de la mort. Son apparence préférée est le corbeau.
Gahalad ou Galaad, Galaac ou Gwalchaved (en gallois) : fils de Lancelot, Galahad est le seul à avoir vu [l'intérieur ?] du Saint Graal dans son intégralité. Il se peut même qu'il a pu manipuler le vase sacré, car une version du récit arthurien précise : "Sire Gahalad pris le corps de notre Seigneur entre ses mains puis mourut.".
Buire-le-Sec : haut lieu de La Grande Picardie Mentale car il s'agit du village où vécu Konrad Schmitt - Gahalad (?) - durant son enfance et une partie de son adolescence.
C'est un écho cru, rugueux. Il monte de la vallée.
Déboulé des collines - sur Garnant - les billes éclatées de l'innocence
Jouent aux yeux d'âmes perdues - vitres sans rideaux, douces corneilles.
Elle fixe le type. Des coquelicots de suie épousent leurs souffrances.
Par le travers-horizon, affolé, en crochets détale le capitaine lapin.
Cloîtrées dans quelques poèmes jaunis. En chapelet lui fait face, photos
Eclairant l'incertitude du vide - longue rue principale entre nos mains -,
Des nuées de pains, des pierres grises ont rafraîchi nos oripeaux.
Par les os d'un piano fendu coule la voix décavée.
À l'Heartbreak Hotel, le jeune John - futur égorgeur de volailles -,
Bouleversé - cristallisation en émotionnel sabotage -, rencontre l'âme du loup alcoolisé.
Chansons de faim, prière de soif, illustrent férocement nos intimes batailles.
Encore ce sifflement sévère - comme le sang crucifié - des songes enfuis.
Autour des lacs, soûle, l'idiote cherche son apache crétin ;
Lui lèchera sous les haillons les balafres de sueur torve.
C'est l'écho cru, rugueux ; il claque en ce matin.
En vers arithmonynes de onze.
Christian-Edziré Déquesnes.
Notes - Prologue.
Garnant : Ville minière du sud du Pays de Galles où naquit John Cale le 9 mars 1942 (une semaine après Lou Reed). Jusqu'à l'âge de sept ans, âge auquel il commence l'apprentissage du piano classique, la seule langue qu'il maîtrisa fût le gallois. En 1965, à New York, John Cale rencontre Lou Reed, avec lequel il commence à collaborer pour bientôt former un groupe "rock" qui deviendra mythique, The Velvet Uuderground.
Heartbreak Hotel : Chanson composée par Axton-Durden-Presley, très populaire dans le milieu des années soixante. En 1975, John Cale va en proposer une relecture hallucinante, dégénérée et distordue, sur son album solo : Slow Dazzle. Par la suite, au début des années quatre-vingt dix, il récidive et en propose cette fois une version piano solo voix particulièment déstructurée et puissante. John Cale interprétera encore d'autres version de ce classique. Cette chanson tient un place importante dans Les Nouveaux Chants du Mabinogi, elle y est citée à plusieurs reprises.
Épilogue des Chants
des quatre nouvelles branches du Mabinogi
Par Anne Paulet.
Post face et pile ou Les quatre temps de l'écrit, un épilogue sans craie
Récit métaphorique à plusieurs registres, Les Chants des quatre nouvelles branches du Mabinogi de Christian-Edziré Déquesnes est aussi une recueil de textes structuré autour de grandes œuvres littéraires fortement imprégné d’autres disciplines : arts plastiques, musiques, palabres y sont autant de fils conducteurs incandescents pour atteindre la perspective suromantique qui suivra. Une mémoire pliée et dépliée en quatre thématiques ou orientations : artistique et littéraire car il s’agit d’un recueil de textes poétiques de la bouche temple éprouvés par le corps du poète. La langue s’y distingue en météore, en métaphore polysémique. La deuxième orientation qui serait peut-être le point de départ : la mythologie dilatée de l’humanité où finalement l’espoir s’entête face à la désillusion. Enfin, parce que gigantesquement, les ingénus éprouvent ce recul nécessaire à la compréhension des chutes et des remontées, la mémoire historique, autobiographique et biographique constituent les troisième et quatrième thématiques dans lesquelles le lecteur peut trouver sa propre nudité. Une base posée pour un onirisme éveillé à différentes échelles qui se superposent et se mélangent. Parce que son héros est en prise avec les errances percluses en toutes les joies : l’injustice, la condition H, l’amour ! Ce périple nous prend aux tripes par son refus du désenchantement et sa résistance foisonnante persiste après lecture.
I. Musique et artistique des langages, de l’écrit au geste et du geste à l’écrit
La langue poétique s’exprime ici par une combinaison de français et de picardoù rythme et métrique se définissent en fonctiondes battements et des élans du cœur selonla loianthropoémétriqueuniverselle et à laconnaissance sensitive et mentale de la Grande Picardie. Le toutdans une double pulsation oùla concomitance desmouvements cadencés de punkblues beatnik disco rock’n’rollsalsa disco est orchestrée par le premier de cordéede la citole1 enchantée du mani boogie.Des références musicales et poétiques telles des oiseaux aux cœurs envolés,ont parseméles pops notes écrites à l’encre éclectique bleue. Ceux-ci viennent chanter leurs oraisons de funambules perchés à l’intérieur des têtes. Un chant gaélique avecdes irrévérences et résurgences tourbillonantesextraites d’une mine de prières précieuses adressées aux plus humbles comme aux plus grands. Et c’est bien là toute sa force, face à la latéralité asymétrique du mondese tire la langue.
Lexis : En chemin sur les voies de traverse brodées du temps, s’élève peu à peu, une ode aux élixirs divins et farfelus, aux poisons du temps et à la démonstration d’une fusion avec les mille et uns désirs linguistiques et leurs cris lexicaux, leurs styles. Célébration poétique à l’image des variances de troubadours, changeant les rythmes et les thématiques pour une lecture au long cours, les branches du Mabinogi sur lesquellesle cœur du lecteur se poseavant l’envol grâce à la scansion à double rythmedans la violence contemporaine imaginale où se bousculent les siècles agités.
Le corps est immédiateté, une écriture gestuelle décalée des lieux communs par promenade incorporée. Dans le texte desparties sontcitées de retour à la surface du verbe, entrechoquées : aiguilles, balafres, carcasse, chair, cervelle, crâne, cul, doigt, épaules, intestins, œil, ongle, poumon, tête, ventre. Mais un geste allié à celle de la chanson, la chanson de geste. Le caractère épique et fantastique de l’œuvre lié aux moyens d’expression dont elle évoque l’usage (palabre, chant, mimesis, cinéma), le recueil d’expériencesqu’elle propose, la continuation du déroulement de traditions précédentes, tout ceci permet de discerner les trois types de chanson de geste communément reconnus bien qu’elle (l’œuvre) ne s’y réfère pas de façon explicite. En somme l’auteur est aussi trouvère du verset vrai et de l’oil le Tropàtor2 : le corps pensé/es dans le vif du sujet. Surgit d’une autre mémoire,Renaud de Montauban, et les Quatre Fils Aymon, chanson créée aux allentours de mille deux-cent dans laquelle les « barons rebelles » habitaient la Meuse et l’Ardenne. N’est-ce pas à cette époque que commença le cadrage, l’entrelacement des rythmes saisissant le corps, leur asujettissement et leur contrôle. Scansions, processions, pélerinages. Période des six ages et tripartition du temps... 3
Parlé picard, por dir quémin qu’cha va
Réveil des chants, épopées, évocations riches de références linguistiques et littéraires en langue picarde si chère à l’auteur qui nous en dévoile la splendeur et l’originalité par sa création nouvelle. Évoquant cette langue, Jacques Darras le rappelle : Ce qui (…) fait l’originalité d’une littérature picarde c’est (…) cette sensibilité au conflit culturel qui traverse les Moyen–Âge, lorsque par quelque phénomène inconscient la Picardie s‘est trouvée et révélée au point crucial de la dissolution de l’Europe des fiefs.4 Une similitude en ce début de siècle qu’il serait bien aventureux d’affirmer mais qui mérite toute notre attention pour ce qu’elle représente comme exemple de l’’émergence d’une pensée, d’une résistance pour aller plus avant. Son emploi étant ici perçu non comme un retour ou une conservation exclusivement identitaire mais comme capacité à construire un nouveau départ.
Musique en trois dés ou l’avènement de l’orchestrographisme5
Mémoire… Les comportements musicaux sont universels à travers les populations humaines; (…) ils affichent une grande diversité dans leurs structures, leurs rôles et leurs interprétations culturelles (...) La musique est liée à diverses activités sociales, à la fois rituelles et de loisirs. Les origines de la musique sont étroitement liées à l' évolution humaine et, en même temps, la musique représente l'un des arts les plus anciens. Malheureusement, l'enregistrement archéologique qui concerne la préhistoire est silencieux.6 Dans les Chants des quatre nouvelles branches du Manibogi, la musique s’entend, se perçoit en deux brins de muguets d’où sonnent les tinkerbells grâce à des références d’œuvres, compositeurs ou d’interprètes et les fragments biographiques mêlés à ceux de l’auteur.
Si uneœuvre musicale ne comporte aucune référence à quoi que ce soit et ne nous renvoie pas à autre chose7Ici avec l’écrit c’est l’inverse : elle est citée (cette absence de référence) en référence qui plus est dans le silence de la lecture ! Pourtant, elle prend ici tout son sens, livre les sens comme l’auteur les a pensés et dans cet invariable en délivre plusieurs : les notes musicales ou écrites se côtoient dans un même flot, les mélodies chantées et strophes appellent d’autres souvenances, sociétales ou intimes, des périodes mais aussi des souffles contraires à toute orientation c’est-à-dire stylistiques, éthiques temporelles, sociales, sacrées ce que je nomme tempête, les courants de vie, un opus non chaotique, à plusieurs temps, où la croisée de mots par façonnage l’imite. Dans cette composante temporelle, la musique se déploit selon trois dimensions fondamentales : la dynamique du récit varie selon des hommages ciblés, une musicalitése lit malgré (ou à cause?) de cette polyphonie des genres et des styles en une sorte de fusion comme dans le jazz. La prédominance de ces dimensions varie ne laissant au lecteur le temps de s’habituer définitivement à tel ou tel traitement formel mais précise le style propre à l’auteur(untimbre) et l’évolution de sa pensée. Cette polyphonie traduit l’ouverture sur le monde et sur les étapesen corps pensées (émotion, sentiment, conscience). Celle d’une chasseur cueilleur mixant la geste et le hurlement des loups ! Dans une vision plus sociologique, une tentative de rapprochement entre l’œil et l’oreille, une réparation à double usage, implicitement critique vis à vis de ce même mondepar trop discursif sans pour autant renoncer à ses bases et ses acquis mirifiques dans lesquels se relientmétonymiquementles variations spectrales visibleset audibles : blanc, blues, gris, noir, rythmiques (alternance de rythmes car il y a autant de rythmes que de vies sociales), ou linguistiques sans prosélytisme ou cristalisation mais avec cet esprit d’investigation créatrice. Mystère des origines et des premières dansesque la résilience tente de détourer grâce à la redécouverte érudite de mots perdus dans le temps. Une valse à quatre temps, un chant astronomique à quatre branches verticales.
II. Figures mythologiques │becausedandysme n'bouite sur rien
Le récit s’appuit aussi sur de nombreuses références artistiques : acteurs, auteurs, chanteurs, cinéastes, compositeurs, musiciens, poètes, héros intemporels, personnages de BD livrés par haikus, postcards, récits épiques et romanesques, de sciences fictions ou de séries noires et autres thrillers. Tel des fils et filles de feu de la poésie, les figures mythiques se succèdent au fil des pages: John Cale, Perceval le Gallois, Ivar Ch’Vavar, Steve McQueen, Benoît Poelvoorde, Saint Jude, Cézanne, Victor Hugo, Jeffrey Lee Pierce, un chanteur-berger d’Auvergne probablement Jean-Louis Murat, Jack Kerouac, Charles Mingus, etc… Si le narrateur parfois solitaire en appelle aux rois, chevaliers, fées, guerriers, gueux de toutes provenances, c’est en connaissance de « cause ». En les dépeignant, il établit entre eux des liens et tisse ainsi en substrat la trame de l’œuvre dont la ferveur reste survoltée. Une mémoire artistique sociétale donc mais déjà distanciée. Avancer, avancer à travers chants, rester debout, rester vivant car l’héroïsme aime l’homme ! Soudain nous apparaît la genèse du chemin d’Arthur. Commencement d’un nouveau cycle aux abords d’un siècle balbutiant. Dans cette cartographie des mythes, les figures expriment leurs propres trajets, leurs périples géographiques. Parfois des éléments d’architectures se posent en filigrane, des questions politiques, de morale et l’éthique soudain sont balayées.
L’animalité symbolique ou factuelle est présente sous différents aspects: agneau, brebis, cerf, cheval, corbeau, corneille, dinde, hareng-saur, loup, ours, papillon, poisson, poule, sanglier, tigre. Le loup emblématique des quatre saisons y fait son apparition. Animisme, chamanisme, druidisme… ? Et lorsqu’il évoque dans un ciel gris du Paysage psychique, les oiseaux, ce sont des cœurs qui s’envolent. Et la poésie, un cœur d’oiseau qui bat. Pour combler les fissures du désamour s’érigent les textes. La poésie fait foi et le dernier secours espérant et volontaire n’est pas celui de la guerre mais celui de la joie qui peu à peu guérit toutes les déchirures. Champs, chêne, citrons, coquelicot, forêts, montagnes, orchidées… La nature est très souvent évoquée faisant travailler l’imaginaire du lecteur et mort au vide ! Comment ne pourrions-nous à contre-courant des replis, user d’universels, et persister sur cet échos, ce tremblement, cette vibration tant que nous restons vivants?
III. Histoire, les sacres et les massacres
L’histoire galope au côté du narrateur en variations événementielles. Ouverture et parcours entrelacé dans les couloirs du temps d’un chasseur cueilleur en épopées, jonglant avec des contes ou périodes historiques qu’il fait se rencontrer en nous rappellant leur trame parfois similaire et d’une très grande inventivité narrative à l’issu souvent tragique. Pourtant, grâce à une juxtaposition temporelle parfois brève et souvent malicieuse, ces chefs-d’œuvres de toutes portées voient parfois leur mode de hiérarchisation s’effondrer. Des silhouettes sorties de la pénombre proclament l’abjuration de nous d’en nous par certains contacts ultra-rapides sur le quai énigmatique du temps. Christian-Edziré Desquesnes est un passeur de frontières linguistiques et imaginales. Il en souligne les récurrences en dernier ressort grâce aux destins archétypaux dont la genèse puise dans les tréfonds de la condition humaine.
L’écriture pluri-référentielle interdisciplinaire, finalement reconstruit le savoir en assimilant les plus anciens ou les plus récents et en proposant une perception spirituelle. affranchie de la seule dimension littéraire, religieuse ou politique sans pour autant opprimer par une propagation sinon un appel à plus de reconnaissance pour toute œuvre et toute vie en ce qu’elles ont d’imprescriptibles. Oeuvres appellées à un traitement égal quant à leur valorisation et leur diffusion dans la vaste société que nous connaissons aujourd’hui.
Conclusion de la conclusion
L’aspect multiple des nouveaux chants engage à isoler dans cette œuvre des orientations phénoménales(terme propre à l’auteur) que sont la musicalité artistique y compris des langages, les mythologies, les religions et l’histoire comme autant de moyens de souvenance et d’anticipation active. De la Picardie à la Belgique en passant par le Pays de Galles et Paris, de la poésie à la musique, des grands récits littéraires aux mouvements artistiques, les quatre tomes des Chants des quatre nouvelles branches du Manibogi procèdent d’une même vigueur pour nous emmener vers la révolution permanente propre à toute vie.Ces chants composent le premier mouvement engeste matrice, du Suromantisme, un concept que l'auteur a depuis initié en d’autres publications, sur scène aussi avec l'instrument à cordes Blues, la Manicordion Bleuse des Mabinogi et à haute voie/x.
Béziers, le 30/03/2018
Sempre per la gioia, sempre per il blues,
Anne, Scripta 21, Paulet.
NOTES
1.La citole est un instrument à cordes en usage jusqu'au xivesiècle. D’origine moyen-orientale, elle est devenue par la suite un instrument médiéval très utilisé en Europe. inCitole, Maurache ou guitare sarrazine, sur www.midorimusique.com et Dictionnaire Picard, gaulois et françois contenant aussi les mots gaulois approchants le plus du dialecte de la Picardie avec leur signification en françois par le RP Daire, mis en ordre, complété et publié d'après le manuscrit autographe par Alcius Ledieu, éd. Champion, Paris, 1911.
2. Du latin tropusissu du grec ancien τρόποςtropossignifiant « changement ». Trouvère, du bas latin trovare qui signifie composer un poème, est issu du latin populaire *tropare (composer, inventer un air d'où composer un poème, puis inventer, découvrir : trovare en italien, trouver en français), est aussi dérivé de tropus (figure de rhétorique). In étymologiefr.wiktionary.org/wiki/trouvère#fr etpoète lyrique de langue d'oïl aux xiieet xiiies. (Huet, Orig. des Rom., p. 158 ds Pougensds Littré). Dér. de trouver* ; trovereest l'anc. cas sujet d'un mot dont troveorétait le cas régime (1188 trovëors, Aimon deVarennes, Florimont, éd. A. Hilka, 13608). Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
3. Les scansions du monde. L’épaisseur des rythmes à l’époque médiévale À partir de Jean-Claude Schmitt, Les rythmes au Moyen Âge, Paris, Gallimard, 2016. Carnet Zilsel, Sociologie, histoire, anthropologie et philosophie des sciences et des techniques, 10 décembre 2016 https://zilsel.hypotheses.org/2740
4. Jacques Darras. Figures d’un évanouissement Introduction à l’Anthologie de Littérature Picarde au nord de la littérature française le picard, Coll. La Forêt invisible, éditions Trois Cailloux, 1985
5 Parce que la danse de lettre, néologisme scripté pour l’occasion, issu d’Orchesographie (ib. Et Traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre & practiquer l'honneste exercice des dances. Thoinot Arbea, anagramme de Jehan Tabourot, chanoine de Langres, 1589)et d’Orchestrophone (titre d’une des collections de la revue Ffwl Lleuw et de l’un des nombreux blogs littéraires et musicaux de l’auteur (Vol.1 et 2). http://orchestrophone2.blogspot.fr.
6. Selena Vitezovic. Instruments de musique dans le néolithique des Balkans centraux. Les petites découvertes archéologiques et leur signification.Actes des Jeux du Symposium et Jouets , 2017. Musical instruments in the Central Balkan Neolithic Archaeological small finds and their significance. Proceedings of the Symposium Games and Toys, 2017Trad.
7. Boris de Schlœzer et Marina Scriabine, Problèmes de la musique moderne, Paris, Les Éditions de Minuit, 1977 (1re éd. 1959), 200 p.2.