samedi 22 décembre 2018

LES NOUVEAUX CHANTS DU MABIGONI - Première saison-Feinal 1 & 1 bis


Final premier

D'après foto (1)

Por Fideline Hayure.

...Ech preume avi:ache, por mi, i étot chti dech déssévrache.
J'aù vizé ch'd'bout edvaint ch'keminchint.
Ell absinche qu'ale varot...
In-n àrwétache d'amoer doreu, chaù.

Déssaqué ed cheule lète à Picardia.

À Fideline Hayure.

Ch't'ènne nuit qu'a s'éfreunme su ché'p plaje ed Bércq.
E'c crèpe ed chés neu.ache ale é trous.
Ch'ét'p pied de'm mér.
Fideline Hayure étanpie din 'n' longhe bache
Qu'ech sabe insatchè d'ioe marine i n' peut point 'd dijéré.
Juss laù, point gramint épavoedabes, ed'z émiolètes.
Ech lu i bache, bayant coére in molét d'tenp pi d'éspache
 À l'onpe ed ché'j jonne fènme
Ed l'ioe, du sabe, du ciel, du solé,
A's s'ingarne din ch'touyache ed couleurs
Débalache d'àrflets aquouatiques, célèsses pi minérals,
Ch'vint i foét virolé ës' longhe cavlure catènnhe.
In cach'col bleu à sin co,
As' sàre sés thiots points fort din lé poches dê s'cazaque in cuir marron
Qu'a ll'aù raboutonnèe d'in baù squ'in hoet.
I'n'foét mie si coed qu'chaù.
Sin cotron noér mi-couiche, chés baù-colants foncés qu'i li sont assoertis,
Dés longhës grosse cochètes grises
Qu'i àrtchè't' in fronches sàrèes su l'hoet dë zz'égvilhes
Pi chés groùs souyés rouches, tout ye:iches,
I fini't ed bayé à ch'b bieule
Enne oera tout gris, inmourable.


Point à-rien i n'peut ll'àrtënir.
Dés mioles i lù-invol't', in grichon i m'travérse touzoute.
Fideline a'p passe ed l'oete cotè.
Là-baù.
Pu lon, ch'ét laù qu'ale' vaù.


Innsécanmint pu tard -
Ivar ch'Vavar, su ch'mur d-ou qu'chès licé.ins d'Bércq
I lù-z assi't' pour atènne ech carabanc,
I àrlève su chés piéres chés nouvios grafitis :


"Jessica, pute des hangars"

"Mon amour,
je ferai couler ton sang
Là où tu as fait couler mes larmes;"

"Blouson beige je t'aime."

(Proùbabe eque ché'f fihle qu'ale aù écrit chaù, a n'connoé pon coére el nom dech fiu)

(Traduit en picard bercquois avec l'aide d'Ivar ch'Vavar.)

Traduction : D'après photo (1)/Version originale française.

C'est une nuit qui s'ouvre sur la plage de Berck.
La crête des nuages est rousse.
C'est marée basse.
Fideline Hayure, droite dans une longue flaque
Que le sable gorgé d'eau marine ne peut digérer.
Proches, guère effarouchées, des mouettes.
La lumière s'amenuise, offrant encore un peu de temps, d'espace
À l'ombre de la jeune femme.
De l'eau, du sable, du ciel, du soleil,
Elle glisse dans les couleurs mêlées.
Débauche de reflets aquatiques, célestes et minéraux,
Le vent fait tournoyer ses longs cheveux châtains.
Une écharpe bleue autour du cou,
Elle serre fort ses petits poings au fond des poches de sa veste de cuir marron
Qu'elle a boutonnée de bas en haut.
Il ne fait pas très chaud.
La jupe noire mi-cuisse, les collants sombres assortis,
De longues et épaisses chaussettes grises
Qui chutent en plis serrés sur le haut des chevilles
Et les gros godillots roux, détrempés,
Achèvent de donner à la belle
Une aura grise et définitive.

Rien ne peut la retenir
Un envol de mouettes, un frisson me traverse de part en part.
Fideline passe de l'autre côté.
Là-bas, c'est là qu'elle va.

Beaucoup plus tard,
Ivar ch'Vavar, à l'endroit où les lycéens s'assoient pour attendre le bus,
Relève sur le muret du phare les derniers graffitis : 

"Jessica, pute des hangars."

"Mon amour
Je ferai couler ton sang
Là où tu as fait couler mes larmes."

"Blouson beige je t'aime."

(Il est probable que la fille qui a écrit CELA ne connaît pas encore le nom du garçon.)


D'après photo (2)

À Quine de Quin.

En un retour de l'autre côté qui s'offre au-delà de la plage.
Ici ! Quine, face au va-et-vient de la marée descendantes,
Fixant la ligne de l'horizon, droite, elle sourit à la mer.
Elle sourit à la mer enceinte de l'immensité de l'univers
Et de l'harmonie déployée à la béatitude du paysage
Des nuages de la grande porte du ciel ouvert...
C'EST UNE CELEBRATION !... à la puissance de l'Amour.

CELA descend des voûtes translucides
Qui couronnent l'escalier du carillon céleste
Des saintes lumières du sacré.

Le chat sait les invisibles mouettes qui annoncent...
Le chat tourne
et il retourne affectueusement la tête vers le Fidéle ;
Il le nommera RAAAdaRRR...
- Lui qui désire ne plus être pris comme au piège
... : Quin.

Agitant ses oreilles, RAAAdaRRR hume.
Il hume d'aise d'aise la rencontre déployée déjà ailleurs.
RAAAdaRRR sait... Quine, si Louve , en corps bientôt Musique
Et nul ne peut plus jurer des couleurs véritable du chat.
- En cet instant intemporel lui seul voit...
Quin ne connaît plus son nom,
Ignore ce jour ou il nommera la Louve : Quine
Mais la plage, la mer, les cieux
Et le chat... et toutes les mouettes
Sont aux énergies conjuguées en devenir
Au sacre de l'Amour de l'infinie bienveillance de leurs prières.

lundi 10 décembre 2018

LES NOUVEAUX CHANTS DU MABIGONI - Saison 1 - chant 8.


- LEUWAROU,
Ch'Draùgoù Rouje de Jacques Cauda. -
Tot- i két, brémints

[...]vaillants, arthuriens, leurs couleurs déchirées par la grenaille déroulées
sous les panaches désordonnés de fumées, avec, sur leur visage, cette lumière
fatale qui vous remettait en mémoire que la bataille n'est jamais vraiment
terminée, que nous ne sommes jamais tout à fait maîtres du terrain".
James Lee Burke.

(Ch'é-t insin, elle éxistinche... to-t i kér !)
In n-y'aù des brokes-ed-né qu'i pind't'
Wè, pi i nn'aù core ed'z oetes,
3Vénus" mérnue canfourot nzou s'cazake in minou
Malapate, j'aù pon su déloyé l'fremure."

La baù, ed to't pairtout, pi por toudi
I n-y' aù dès vièlhes lainghes ed dévièes
Vlaù Clotide qu'ale dit, qu'ale cante
"N'cachéz nié, més garchons ! To't i két !
Prindéz ech pove muscadét, n-in vlaù s : sépt botèles."
Jainluck, no's vlaù chi rindus mon chés Bèches,
Nin por no's brére pairèlh eque dés Johnnys
Alandris din ll'Otél ed chés keurs broyès
Mé por ète chanbàrdè ack ech'l Animâl,
"Ech'l égazioteu d'glènnhes". El vir ! L'àcouté !
Mon chés Béches, ech ciu i ét gri,
Gri galoé. E-pi dés pleuves qu'i kè'tt'.
À deux jnous, thiot prinche, lés bleusës bérbiètes
Ed chés rutes montannhes galoèses. To-t i ké !
All Fall Down. Fuck Off ! All Fall Down.

In Leuwarou d'Bridgend din m'pore t:ète,
L'onme-blain ed Hedd Wyn eddin mn'eul,
À ch'piè dech Mont Kemmel, in Flainde,
Ej ravisse ell évidinche d'in-hui... Ch'ét...
To's chés contoèses pairèlhes à nos tènps catéreus.
Pu mainke ! Pu mainke ! Pu mainke ! Pu mainke
To-t i két ! Du brin ! To-t i két !

Por vir à nos bayè un-n oete monne,
Pi au débout dech conbaùt, por pon à-rin,
Por toudi, coére su chés grands paturaches roujes,
Bréries, seuèees é-pi saing ed chés soudaùrts tàrtout...
Por pon rin. Pu mainke to-t i két !

Ënne jonne wanne ës' dindiféle din chés cius,
Doumoùmint vne inproùbabe intàr el bèe dech Tigre
E-pi l'marina à Swansea, "Broke" 0 Caerdydd
Su l'à-rase in pleuve din férgard -
Coère in coep j'arà tricopè Gareth Gwyn.
Por labeu ! Ën' pu avoér din s't:éte
Eque chés bleuses lièsses éto't soyeuses ed long.
À cose dech pére, obin d'in monnoncle ?
Bitaclè à l'trène din l'car innochinte.
Achteure ènne thiote Leurète ed mer ës' dindifële
Pairèlh qu'in thiot neu.aje gri to-t élangri
Edzu nos pores téris. Nos t:ères i bfè't'...
To-t i két ! Infatigabëlmint, infatigabëlmint, to-t i két !

Poème en picard en vers arithmonymes de huit.


Traduction : Tout chute, lamentation (tout doit tomber)

C'est de la sorte, l'existence... tout doit tomber!) / Il y a des hémorroïdes [choses qui dérangent] qui pendent au nez, / Oui, et il y en a encore d'autres, / Et il y a aussi des hémorroïdes au cul [celle-là, elles sont à leur place !] / "Vénus" nue pourrissait sous un manteau de fourrure. / Maladroit, je n'ai jamais pu ouvrir la fermeture." // Là-bas, de partout, pour toujours / Il y a des vieilles langues mortes. / Voilà Clothilde qui dit, qui chante / "Ne cherchez pas, garçons ! Tout doit tomber ! / Prenez ce pauvre muscadet, en voici sept bouteilles." // Jean-Luc, nous voilà maintenant arrivés chez les Belges, / Pas pour pleurer comme des Johnnys / Affaiblis, à l'Hôtel des cœurs brisés / Mais pour être chamboulés avec l'Animal, / "L'égorgeur de poule", le voir ! L'écouter ! / Chez les Belges le ciel est gris, / Gris Gallois. Et la pluie qui tombe; / À genoux, petit prince, les bleus agneaux / De ces rudes montagnes galloises. Tout doit tomber ! / All Fall Down. Fuck Off ! All Fall Down. // Un loup-garou de Bridgend dans ma pauvre tête, / Le fantôme de Heeds Wyn dans mon œil, / Au pied du Mont Kemmel, en Flandre, / Je regarde l'évidence d'aujourd'hui... c'est... / Toutes les horloges semblables à nos temps incertains. / Plus que jamais ! (quater) / Tout doit tomber ! Et merde ! Tout doit tomber ! // Pour tenter de nous offrir un autre monde, / Et, à la fin du combat, pour rien du tout, / Pour toujours encore sur ces grands pâturages rouges, / Lamentations, sueurs et sang de ces soldats... / - Pour rien du tout. plus que jamais tout doit tomber ! // Une jeune âme s'effiloche dans le ciel. / Maintenant devenu improbable entre la baie du Tigre / Et la marina de Swansea. / "Hémorroïde" à Caerdydd [Cardiff] / Sur les bord en pluie d'un trottoir, j'ai croisé Gareth Gwyn. / Pauvre hère ! Ne plus avoir en mémoire que les joies amoureuses sont éphémères. / À cause du père, ou bien d'un oncle ? / Incestueux dans la chair innocente. / Maintenant une jeune Louve de mer s'effiloche / Identique à un petit nuage fris tout étiré / Au-dessus de nos pauvres terrils. Nos terres chialent... / Tout doit tomber ! Inlassablement, Inlassablement, tout doit tomber !


Notes :

James Lee Burke : auteur important de romans noirs & policiers qui transcendent le genre. L'action se déroule toujours en Louisiane avec Dave Robichaux, le héros récurrent des romans de James Lee Burke. L'auteur recommande de lire Dans la brume électrique avec les morts confédérés. Bertrand Tavernier en a fait une très réussie adaptation cinématographique avec Tommy Lee Jones, qui tient admirablement le rôle de Dave Robichaux.

All Fall Down : en anglais signifie : tout doit s'écrouler.

Fuck Off : en anglais signifie vulgairement : Va te faire mettre !

Hedd Wyn (1887-1917) : poète gallois (Ellis Humphrey pour l'état civil britannique), né à Trawsfynydd, au nord du Pays de Galles et décédé le 31 juillet 1917, au premier jour de la funeste offensive de la bataille de Passchendaele dans les Flandres belges (près d'Ypres).

Mont Kemmel : se situe dans les Flandres intérieures belges, non loin de la ville d'Ypres.

Marina : complexe touristique construit en bord de mer.

Swansea : Grande ville portuaire du Pays de Galles (au nord-est de Cardiff). Elle se situe sur le canal de Bristol. Le poètes Dylan Thomas y passa son enfance et adolescence, et y vécu également les premières années de sa carrière littéraire.

Gareth Gwyn : personnage gallois de chanteur de pub et de rue qui apparaît dans le court roman Sauf dimanche et jours de fête, de Victoire Perdrot, pseudonyme féminin de Christian-Edziré Déquesnes.

jeudi 6 décembre 2018

LES NOUVEAUX CHANTS DU MABIGONI - Saison 1 - Chant 7.



LE BLUES DES CONVOYEURS
À Julie Ladret.
À Arthur Déquesnes, mon Père.
Ô, Francis ! Crois-moi, Francis Jolkerson, le Blues
N'est pas le chant sournois de Cythraul.
Le Blues n'est pas une Eau Maudite
Car il n'est pas mauvais, ni féroce.
Même si notre tête est comme un étron
Dans le fond noir d'un sac plastique,
Je sais qu'elle m'apporte
Du poisson frais pour mes deux doux citrons.
Voilà, c'est juste comme CELA le Blues
Rin d'puke, ch'ét foke del bleuse
Rin d'moins, ch'ét jusse ainsi laù.
Rin d'maù, ch'ét foke ëm' pri:ére.
Oyez ! Gloria Patri and Filio é-pi Spiritui Sancto
- Amen ! Ed lin in dirot du brun, ed
Pré chaù nn'ét ! Voyez ! Les convoyeurs attendent.

Ô, Roger ! crois-moi, Roger Crosez, le temps
Aux alentours de Namur est vraiment trop couvert.
Alors les convoyeurs attendent. Pigeons volent ? Pigeons libres ?
Voilà, sous la pluie et din l'bèrdoulhe,
Un vieux signaleur pour notre Paris-Roubaix.
Et - promis ! - plus jamais je ne te parle
Dëzz Amérlokes. Dans la trouée d'Arenberg
Le bluesz a dévalé sur nos épaules détrempées.
Ni mal, ni bien ; juste une échappée solitaire.

Voilà, c'est juste CELA du pauvre blues.
Por ti, ch'ét ch'ét foke min bleuse.
Rin d'miu, ch'ét jusse conme chaù.
Rin d'bin, ch'ét foke min bleuse.
Rin d'maù, ch'ét foke ëm'pri:ére.
Oyez ! Gloria Patri and Filio é-pi Spiritui Sancto
- Amen ! Ed lon in dirot du brin, ed
Pré chaù nn'ét ! Voyez ! Les convoyeurs roulent.

Ô, Miloud ! Crois-moi, Miloud Hooker, le Blues
C'est NOUS qui bataillons comme Saint Georges
Dans des zones hors normes, apocryphes. Voyants, voyeurs.
NOUS luttons, NOUS combattons. Maux, mals, mal veillant,

Mal voyant, trop voyant ? Bienveillants, tristement bien vieilissants.
La lune aux Loups est rousse. Elle hurle.
Tout s'écroule, chute sous les coups traîtres

Des certitudes des managers, sous les coups sourds
De l'autre innommable... qui déteste le Blues.
Voilà ma prière, ma Poésie livrée pour Vous !

Quèche por quèche ? Ch'ét foke min bleuse.
Quèche por quèche ? Ch'ét foke no brin.
Rin d'bin, ch'ét jusse conme chaù.
Bin à ti, ch'ét foke ëm'pri:ére.
Oyez ! Gloria Patri & Filio  é-pi Spiritui Sancto
- Amen ! Ed lin in dirot du brin, ed
Pré chaù nn'ét !... Voyez les convoyeurs reviennent.


En vers arithmonymes de huit.


Notes :

Jokeslon : nom d'un quai portuaire de Dunkerque, au bord duquel, au début des années deux mille, un vieux chalutier avait été aménagé en lieu de contre-culture (concerts, performances poétiques... ).

Cythraul : incarne le mal, le non-être, aboutissant à Anwn (l'autre monde où la jeunesse est éternelle et les nourritures abondantes) mais il peut être aussi l'équivalent de Diafwl (le diable), prince des ténèbres, en opposition à Hu Kadarn, le bon géant. Sa demeure se situe en Anwn. Il faut se souvenir qu'à l'origine, dans la mythologie gaélique, seuls existent "l'être" et le "non-être".

Gloria Patri, & Filio, & Spiritui Sancto, & Spiritui Sanctio : formule latine qui signifie Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

Roger Crosez : personnage du remarquable film belge de Benoît Mariage LES CONVOYEURS ATTENDENT - 1999.

Namur : chef-lieu de la province de Namur, au sud-est de la Belgique.

Din l'bérdhoùle : signifie en picard : dans la boue.

Paris-Roubaix : course cycliste rendue célèbre par ses portions de parcours sur des pavés. Egalement surnommée "L'enfer du Nord".*

Dëzz Amérlokes : signifie en picard : de ces Américains.

Trouée d'Arenberg : nom donné à la plus éprouvante des portions pavées de l'épreuve cycliste de Paris-Roubaix. Passage qui traverse une forêt.

Miloud : en référence au héros Miloud  qui est prophète, du remarquable film CHRONIQUE DES ANNEES DE BRAISE (1975), de Mohammed Lakndar-Hamina.



Ce Blues a été inspiré par le remarquable film de Benoît Mariage LES CONVOYEURS ATTENDENT -1999. avec Benoît Poelvoorde. Ce texte a été aussi mis en musique et interprété par le duo rock picard expérimental (2)Brokes dans la première moitié de la première décennie du siècle 21.