Berger et poète, HEDD WYN, Ellis Humphrey pour l'état civil britannique, est né le 13 janvier 1887 à Pen-lan Trawsfynydd ( Nord du Pays de Galles ). Il trouve la mort le 31 juillet 1917 au premier jour de la funeste offensive de la bataille de Passchendaele que l'on nomme aussi l'impasse sanglante. Guy Chapman, capitaine dans le régiment royal de fusiliers, a décrit ce jour : " 31 juillet, la bataille débuta dans la brume et la rumeur. La rumeur se révéla fausse, et la brume se mua en crachin, puis en pluie, puis en un torrent déchaîné où le ciel rivalisait avec les canons pour finalement l'emporter. "
En son époque, fort populaire en vertu de sa condition de poète dans ses vieilles montagnes tout au Nord de son Pays de Galles, Hedd Wyn le beau berger avait la côte avec les jeunes femmes de Trawsfynnydd. Beaucoup en effet auraient bien aimé épouser l'homme aux vers de crystal, et il leur rendait bien. Malheureusement aucune ne put mettre son dessein à exécution, car le pauvre bougre eut l'honneur de mourir en première ligne pour l'empire britannique, dans les tranchées, sans même apprendre que quelques temps auparavant lui avait été décerné, en sa contrée d'origine, le premier prix du concours annuel de poésie galloise.
"A gwaedd y bechgyn lond y gwynt
Au'u gwaed yn gymysg efo'r glaw."
" Le cri des hommes emplit la brise
Et leur sang se mêle à la pluie."
"Dim ond lleuad borfor
Ar fin y mynydd llwm "
" Il n'y a que la lune pourpre
Sur la crête de la montagne pauvre ; "
Ses œuvres complètes furent posthumément publiées en 1918 et depuis ? Son travail a peu été traduit en anglais, rien n'est jamais paru en France, à l'exception, en 2001, de quelques vers et d'un poème dans les n°1 & 2 du "pauvre" périodique : Ffwl & d'un supplément consacré à Hedd Wyn & Francis Ledwidge avec le n°10 de la "pauvre" revue : Passages en mai-juin 2008. Paul Turner a consacré un film, "Hedd Wyn", à la vie et l'oeuvre du poète. Nous vous le recommandons, ne serait-ce que pour la poésie qu'on y entend.
Hedd Wyn ( 1887-1917 )reste à ce jour un des plus grand poètes de langue galloise, et du 20 ème siècle, il est triste de penser qu'il n'ait pas était plus souvent traduit il le mériterait amplement !
né le 19 août 1887 à Slane dans le comté de Meath , Francis Ledwidge est un poète irlandais. Surnommé « le poète des merles », il est tué au combat le premier jour de la bataille de Passchendaele durant la première guerre mondiale. Il est enterré à l'Artillery Wood Cemetery Artillery Wood, le cimetière militaire de Boezinge, prés de Ypres. ainsi que le poète gallois Hedd Wyn tué le même jour, au cours de la même bataille.
Quand Francis a seulement cinq ans son père meurt, ce qui oblige sa mère et ses huit frères et soeurs à travailler à un âge précoce. Il quitte l’école nationale de treize ans mais continue à s’instruire. Il travaille comme homme de main dans les fermes, il mendie sur les routes qu'il surveille, il est aussi mineur dans les mines de cuivre. Limogé pour avoir organisé une grève pour de meilleures conditions de travail et trois ans avant la grève nationale générale de 1913 ; il est un militant syndical dés 1906. Il sera aussi vendeur. De 1913 à 1914, il est nommé Secrétaire de la branche de Slane de l’Union du travail de Meath. Il est connu pour ses liens avec le Sinn Féin (ce qui signifie " Nous-même "). Sinn Féin est un parti politique républicain actif en Irlande et en Irlande du Nord. Il s'agit du deuxième parti politique d'Irlande du Nord, il est associé avec l'Armée Républicaine Irlandaise (I.R.A ) jusqu'à que celle-ci dépose les armes en 2005.
Une forte carrure, des yeux bruns et vif, un visage sensuel, Ledwidge a été un poète déterminé, où qu’il le peut – parfois même sur les portes ou les poteaux de clôture, il offre à partager sa poésie. Dès l’âge de quatorze ans, ses œuvres sont publiées dans un journal local, l' indépendant de Drogheda, s'y refléte sa passion pour la Vallée de la Boyne. Alors qu’il travaille comme ouvrier routier il remporte le prix de Lord Dunsany ( Dunsany est un homme de lettres déjà bien reconnu dans les cercles littéraires et dramatiques, de Dublin et Londres à cette époque ) : il lui avait écrit en 1912, en joignant les cahiers de ses premiers travaux.
Francis Ledwidge est un grand patriote qui milite l'autonomie de toute l'Irlande. Ses efforts pour fonder une succursale de la " Gaelic League Gaelic " à Slane sont contrariés par les membres du Conseil local. L’organisateur de la région l'encourage à continuer la lutte, mais Francis renonce. Il a réussi à agir en tant que membre fondateur avec son frère Joseph de la branche de Slane des Irish Volunteers (1914), une force nationaliste assermentée pour défendre l'introduction du Home Rule pour l'Irlande, par la force si nécessaire.
Lors de la première guerre mondiale , l’Irlande entre dans le conflit coté alliés. Mais les Irish Volunteers se scindent en deux factions : les Volontaires nationaux Volontaire qui soutiennent l’appel de John Redmond pour rejoindre Les régiments irlandais alliés de l’Angleterre dans le conflit et de ceux qui sont contre. Francis Ledwidge qui est à l’origine de ce dernier et, après avoir défendu cette position avec vigueur lors d’une réunion du Conseil local, décide de s’enrôler, le 24 octobre 1914, dans le régiment de Lord Dunsany, rejoignant ainsi le 5e bataillon Royal Inniskilling Fusiliers qui fait parti de la 10e Division (irlandaise ). Il s'engage contre les appels pressants de Dunsany, qui est opposé à son enrôlement et lui offre une allocation pour l’assister s'il reste loin de la guerre. Ledwidge refuse ! Certains ont émis l’hypothèse qu’il est allé à la guerre juste parce que sa petite amie Ellie Vaughey avait trouvé un nouvel amant..ce que le poète et fervent patriote réfuta avec force dans une lettre où il explique qu'il ne peut rester à l'écart pendant que d'autres défendent la liberté de l'Irlande.
Francis Ledwidge, combat à Suvla Bay dans les Dardanelles (en 1915) et il y est promu caporal mais s'il survit à la Bataille des Dardanelles ( durant laquelle les pertes furent sévères ), il tombe malade après une blessure au dos lors un parcours de montagne difficile en Serbie (décembre 1915), un lieu qui va lui inspirer de nombreux poèmes...
Ledwidge continue d' écrire tout au long des années de guerre, chaque fois que cela est possible, mais beaucoup des ses poèmes sont perdus au front.
Les poèmes Ledwidge écrit lorsqu'il était dans les tranchées révèlent sa fierté d’être un soldat au service de l’Irlande et de la liberté des peuples. Dans sa poésie, il s'interroge souvent si il va ou non trouver une mort de soldat... Alors qu'il prend le thé avec quatre de ses compagnons, Francis Ledwidge meurt dans l’explosion de l'une des premières bombes allemandes au cours de la première journée de la bataille de "La Vallée des Passions."( 31 juillet 1917 ).
D'abord enterré au Carrefour de la Rose, sa dépouille par la suite est déplacée dans le cimetière de Boezinge, voisin de l'artillerie Wood Military Cemetery.
L'oeuvre de Francis Ledwidge, contrairement à celle d'Hedd Wyn, est plus connue car il a été l'objet de nombreuses publications. Certains de ses poèmes ont a été mis en musique par le compositeur britannique et auteur-compositeur Michael Head, plus particulièrement la chanson que le succès à popularisé en 1920, « sur le bord de la lune ».
Dans la campagne d'Ypres, le petit cimetière militaire de Boézingue présente une émouvante singularité : à cet endroit repose le poète Gallois mais aussi le poète irlandais FRANCIS LEDWIDGE( né en 1887 à Slane ). Tous deux, âgés de trente ans, au moment de la première guerre mondiale font partie des victimes qui tomberont au premier jour de l'effroyable bataille de Passchendaele.
Il semble que ces poètes n'aient jamais été traduit en français, aussi lors de ma première visite au petit cimetière de Boezingue, je me suis promis d'essayer de réunir les conditions afin que cela soit, même modestement réalisé. Afin de célébrer au delà de l'horreur de la guerre, l'art d'Hedd Wyn et Francis Ledwidge. J'ai pu concrétiser ce projet avec les aides précieuses de Jeanine Hayat, pour les traductions des poèmes gallois de Wynn, de Chistoph Bruneel pour ceux de l'irlandais Ledwidge execption faite de " Soliloquy " traduit par Lucien Suel. Tous trois ont accepté de donner de leur temps pour traduire ces poèmes et c'est très vivement que je les en remercie.
Christian Edziré Déquesnes
- Tableau d'OTTO SIX |
Hedd Wyn et Francis Ledwidge, au delà de l'horreur de la guerre, des conditions de vie atroces qu'il ont eu à affronter et de la mort qui les a emporté ce funeste jour du 31 juillet 1917, c'est l'espoir d'un lendemain meilleur qui perdure dans les écrits qu'ils nous laissent.
" Quand vous reviendrez au pays familier
Vous verrez vite la neige
Comme une jolie volée de mouettes
Sur les vagues du vent ! "
Hedd Wyn
Langues de pierre, grise-blanches tombales.
Sous la musique mutique des dépouilles ensevelies,
À jamais résonne, brutale, la Furie des combats.
CI GÎT HEDD WYN
CI GÎT FRANCIS LEDWIDGE
Fantomatique, des copeaux de flammes et d'acier lacèrent,
En brasiers encore furieux, les cieux de nos mémoires.
Dans l'hiver, les moutons, destinés aux abattoirs, se souviennent-ils
En bordure des prairies des coquelicots ?
La jeune égérie, Daphnée Perceval, de passage rédige deux cartes postales
À deux vieux couples, l'un d'Irlande, l'autre gallois...
...De Slane... De Trawsfynydd.
Christian Edziré Dequesnes
Le grand sacrifice
Il quitta son pays pour un poste de garde morne
Europe pleine d'angoisse, lieu de tempête du monde
Et le sang lie de vin de cette lourde bataille
N’empêchera rien.
Souvenir
Rien qu'une lune pourpre
A l'horizon de la montagne nue
Le bruissement de la rivière Pryor
Chante dans la vallée.
Hedd Wyn
Après la cour martiale
ma mémoire n'est pas mémoire, et
Je me moque de ce que disent les hommes,
J'ai vécu dix mille ans avant
Que Dieu maudisse la ville de Nivine.
Je vois le présent comme un songe
D'horreur et de souffrances profondes,
A l'aube un oiseau viendra
Me réveiller d'entre les rois.
Et si les hommes me donnent un nom infâme,
Si mes compagnons de rêverie sont partis,
Je suis le soldat qui assume la honte,
Mais je ne suis pas le roi de Babylone.
Francis Ledwidge
Cette chanson raconte l'histoire des poètes Hedd Wyn et Francis Ledwidge mort en 1917, près d'Ypres comme tant d'autres hommes par la bêtise et la cupidité des puissants.
- 1.
No's deux Hedd pi Francis bayès insanne à l't:ére
Conme un clognon por no's d-alé pu lon din l'tenp.
Deus thiots-noms por deus bardes ed din l' Passiondale
Pi toutës deus déviès qu'i n'avo't' nin trinte ains.
I àrbèt't' el bassèe in dàrgne coep.
Din ch'soufe to't cru d'cheule déthoule
Qu'ale rakeurt, ed quoche qu'i s'ramintu't' ?
Tout pairés à l'berbi qu'l'écorchrie ale l'atind.
Deus thiots-noms por deus bardes ed din l' Passiondale
Pi toutës deus déviès qu'i n'avo't' nin trinte ains.
I àrbèt't' el bassèe in dàrgne coep.
Din ch'soufe to't cru d'cheule déthoule
Qu'ale rakeurt, ed quoche qu'i s'ramintu't' ?
Tout pairés à l'berbi qu'l'écorchrie ale l'atind.
Nous deux Hedd et Francis donnés ensemble à la terre
Pareils à un clin d'œil pour nous aller plus loin dans le temps
Deux petits-noms pour deux poètes dans la Vallée de la passion
Et tous deux morts qui n'avaient pas trente ans.
Ils scrutent l'horizon une dernière fois.
Dans le souffle humide de la bataille
Qui surgit, de quoi se souviennent-ils ?
Tous pareils à la brebis que l'abattoir attend.
Pareils à un clin d'œil pour nous aller plus loin dans le temps
Deux petits-noms pour deux poètes dans la Vallée de la passion
Et tous deux morts qui n'avaient pas trente ans.
Ils scrutent l'horizon une dernière fois.
Dans le souffle humide de la bataille
Qui surgit, de quoi se souviennent-ils ?
Tous pareils à la brebis que l'abattoir attend.
Àrfrin
Hedd, Francis, pi tanmint, tanmint dz'oetes coéres avùck,
Ch'ét chés mahons, ichi, à ch'porjét dech pati.
Hedd, Francis, é-pi zz'oetes coére avùck, tant pi tant.
Verdun, el Sonme, Dixmude ou coére Gallipoli ;
Dés mahons por toudi, eque ch'ét, din Passiondale.
Ch'ét chés mahons, ichi, à ch'porjét dech pati.
Hedd, Francis, é-pi zz'oetes coére avùck, tant pi tant.
Verdun, el Sonme, Dixmude ou coére Gallipoli ;
Dés mahons por toudi, eque ch'ét, din Passiondale.
Refrain
Hedd, Francis, et tellement, tellement d'autres encore avec,
C'est les coquelicots, ici, à l'entrée de la pâture.
Hedd, Francis, puis d'autres encore avec, tant et tant.
Verdun, la Somme, Dixmude ou encore Gallipoli ;
Pour toujours, dans la Vallée de la passion.
C'est les coquelicots, ici, à l'entrée de la pâture.
Hedd, Francis, puis d'autres encore avec, tant et tant.
Verdun, la Somme, Dixmude ou encore Gallipoli ;
Pour toujours, dans la Vallée de la passion.
- 2.
Jë n'su mie trape assé por canté ll'inf:ér laù.
Ch'étot foke eque dés rakes, eque dés pleuves pi du frod.
Din zz'ésplozions ed chint-mille dhiabes,
Lés berles ed to's chés Cousses qu'i kèt't' laù toutoutoùr.
Cheule chorche, laù-baù, a n'féjot nin l'naksieuse
Mé a nn'inlvot dés chints pi dés chints à chake coep,
Pores fius to't démérlès din l't:ére ed Passiondale
Sains qu'i euch't' seu à coese, bèlon d'lù thiote màjon.
Jë n'su mie trape assé por canté ll'inf:ér laù.
Ch'étot foke eque dés rakes, eque dés pleuves pi du frod.
Din zz'ésplozions ed chint-mille dhiabes,
Lés berles ed to's chés Cousses qu'i kèt't' laù toutoutoùr.
Cheule chorche, laù-baù, a n'féjot nin l'naksieuse
Mé a nn'inlvot dés chints pi dés chints à chake coep,
Pores fius to't démérlès din l't:ére ed Passiondale
Sains qu'i euch't' seu à coese, bèlon d'lù thiote màjon.
Je ne suis pas assez habile pour chanter cet enfer là.
Ce n'était que de la boue, que vagues de pluie et froid.
Dans des explosions de cinq-milles diables,
Les hurlements de tous les Camarades qui tombent là tout autour.
La mort, là-bas, ne faisait pas la fine bouche
Mais elle en avalait des cents et des cents à chaque coup,
Pauvres fils tous disloqués dans le sol de la Vallée de la passion
Sans savoir pourquoi, bien loin de leur petite maison.
Ce n'était que de la boue, que vagues de pluie et froid.
Dans des explosions de cinq-milles diables,
Les hurlements de tous les Camarades qui tombent là tout autour.
La mort, là-bas, ne faisait pas la fine bouche
Mais elle en avalait des cents et des cents à chaque coup,
Pauvres fils tous disloqués dans le sol de la Vallée de la passion
Sans savoir pourquoi, bien loin de leur petite maison.
Àrfrin/Refrain
Version/adaptation picarde et traduction française
d'Ivar Ch'Vavar et Ch.Edziré Déquesnes, d'après la chanson originale de
Moussu T. "Paul, Emile et les autres" et adaptée à l'histoire
d'Hedd Wyn et Francis Ledwidge (paru en 2009
dans le n°14 de la "pauvre" revue PASSAGES).
d'Ivar Ch'Vavar et Ch.Edziré Déquesnes, d'après la chanson originale de
Moussu T. "Paul, Emile et les autres" et adaptée à l'histoire
d'Hedd Wyn et Francis Ledwidge (paru en 2009
dans le n°14 de la "pauvre" revue PASSAGES).
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